Annecy 2015, jour 4

Très cher journal, j’ai de bonnes nouvelles.

Enfin, si l’on peut considérer qu’avoir trouvé un compromis avec les rats qui occupent actuellement ma chambre est une bonne nouvelle, alors oui. Un compromis acquit à la dure, après de lourdes négociations avec leur chef, qui ne me coutera que tous mes petits déjeuners (à savoir du pain sec et de l’eau) et me permettra de dormir confortablement sur des planches pendant 2 heures chaque nuit. Je ne vous cache pas que je suis particulièrement fier de moi.

C’est donc après une bonne nuit de repos que je rejoins mes compagnons d’infortune. Enfin que quelques uns vu que Coralie avait été séquestrée par Anthony, pour je ne sais quelle raison. Il est difficile d’admettre que j’ai détourné les yeux lorsque son regard envahi par les larmes a cherché du soutien auprès du reste de la troupe. Mais nous sommes tous passé par là et aucun de nous ne veut revivre ça.

C’est donc seulement avec Nicolas et Muriel, aux premières lueurs du jour à une heure qu’on ne souhaiterait à personne, que je me suis dirigé vers la projection presse des Minions, qui déboucherait d’ailleurs juste après sur une interview avec les réalisateurs.

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J’avais un petit peur de cette projection. Je ne suis pas un grand fan des franchises (celle de Shrek m’ayant très légèrement traumatisé), et mes craintes allaient surtout sur le fait de faire un film des sidekicks comiques comme les minions. Mais heureusement pour moi, je m’étais trompé.

Sans aller jusqu’au film du siècle, Les Minions font clairement bien le boulot. Ils sont drôles, divertissant et se payent même le luxe d’avoir une véritable histoire, certes légère, qui fonctionne. Une bien bonne nouvelle pour un univers que j’apprécie de plus en plus.

La sortie de la salle devenait d’un convenu des plus désagréables, avec la présence sempiternelle du gros bras engagé, à nos frais surement d’ailleurs, par le big boss de Focus. L’avantage, c’est qu’il sait très bien maintenant qu’on ne luttera plus et qu’il n’aura pas à me traîner à l’Impérial Palace pour l’interview de Pierre Coffin et Kyle Balda, les réalisateurs des Minions.

Quelques questions rédigées sur un bout de papier, une installation en terrasse et voilà que je pleure à chaudes larmes quand l’attachée de presse me propose quelque chose à boire. Tant de gentillesse, je ne suis pas habitué. D’ailleurs, étant donné qu’elle voulait jeter un œil à mon dossier de presse de Miss Hokusai (une rareté sur le festival), j’espérais qu’elle aurait loisir de lire le mot que j’y avais laissé, comme dans absolument toutes mes affaires (au cas où), disant « Au secours, je m’appelle David, je suis victime d’esclavage ».

L’interview s’est très bien déroulée. Les deux réalisateurs sont d’une bonne humeur remarquable, alors qu’ils enchainent les sessions. On a blagué, bien rigolé et ils n’ont pas été avares en réponse !

Un rayon de soleil dans ce camp de travaux forcé imposé par notre chef ! Heureusement, après tout cela, c’était quartier presque libre, un des rares moments de bonté, où nous pouvions aller faire bonne figure au pic-nic Cartoon Network. Le but était bien sûr de prendre des contacts, déjà approchés par Muriel et Nicolas, et donc fatalement nous devions être à notre plus grand avantage.

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Le pic-nic Cartoon Network est toujours un bon moment. Situé sur la plage de l’Imperial Palace, on profite du soleil, des canapés et on rencontre du monde ! Ce fut d’ailleurs un plaisir de revoir les gens de Titmouse qui, comme chaque année, font un peu n’importe quoi pour notre plus grand plaisir ! Un plaisir au gout amer tout de même, car l’un des membres portaient un t-shirt Superjail, me révélant ainsi qu’une boutique de leurs produits existaient… un rapide coup de fil à ma banque m’indiqua que mon conseiller, à la découverte de cette nouvelle, comptait prendre de nouveau rendez-vous avec son psy. Le pauvre.

Ce fut aussi l’occasion de se rapprocher d’une responsable presse de Cartoon Network, ce qui donnera je l’espère une bonne collaboration.

Une fois le pic-nic terminé, j’ai réussi à esquiver notre chef, grâce au secours de Nicolas qui devait partir en interview du producteur de Doraemon. Un véritable ami qui me sortait d’une galère potentielle. Je saurais m’en rappelé.

L’interview du producteur fut assez sympathique. C’est toujours étrange de faire une interview où la personne en face parle une langue qu’on ne comprend pas. Les réponses en décalé, c’est assez spécial. Et les questions ont donné des moments assez magiques de débats entre l’équipe du film, notamment sur le budget annoncé par les différents site web.

Mais la détente a une fin et il faut déjà retourner au charbon, avec un film à critique en la présence de Little from the Fish Shop. Direction donc le Pathé !

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On m’avait annoncé le film comme étant de la stop-mo pour dépressif et… bon bein on va pas se le cacher, c’est vrai. Faut dire que le sujet s’y prête quand même beaucoup, avec une adaptation de la véritable Petite Sirène d’Andersen, placée au cœur d’une ville de bord de mer bien glauque à souhait et où le « prince » est le proprio d’un bar à gourgandines. La stop-mo est très bonne, le film parfois drôle façon humour noir, mais il colle régulièrement des claques à tes feels. Un moment paradoxalement sympathique, donc.

Un rapide signe de tête à Jean-Robert (le petit nom que j’ai donné au mec qui me surveille, vu que c’te saloperie ne veut pas me parler autrement que pour me dire de bouger) et j’enchaîne sur la suite de mon planning avec Pos Eso, dont j’ai entendu beaucoup de bien au cours du festival.

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Et là, c’est le drame. Alors que je me présente au Pathé pour poser mes jolies petites fesses, le contrôle de ma réservation sonne d’un glas horrible illustré d’une vieille croix rouge sur l’écran du téléphone de la staff. Je n’avais pas de réservation.

Craignant pour ma vie, paniqué, j’essayais d’expliquer que si, j’avais une réservation pour le film, ce n’était pas possible autrement. A ce moment, je commence à avoir franchement peur. Anthony n’étant déjà pas tendre quand tout se passait bien, si jamais il apprenait que je m’étais loupé sur cette séance, j’étais bon pour les coups de fouet en rentrant. Tenant légèrement à l’intégrité de mon dos, ou de toutes autres parties de mon corps d’ailleurs, j’essayais de négocier, voir même d’envisager de faire la queue avec la plèbe, m’exposant ainsi à toutes sortes de maladies du commun, comme la peste par exemple.

Dans un élan de désespoir, je sors mon application du festival pour montrer à la Cerbère que j’ai effectivement une réservation. Et telle la fin d’Usual Suspects où le policier comprend enfin qui est Kaizer Sauze, les scènes défilent devant mes yeux. Enfin deux scènes. La première me ramenant la semaine avant et indiquant un « ah tiens, j’ai une séance à la Turbine, il va falloir que je fasse attention. » et la deuxième, moi à l’instant même qui lit « Pos eso, la Turbine. ».

Énorme sourire de la staff, qui me dit alors : « Wah ! 20 minutes pour aller à la Turbine, ça va être sport. ». A ce moment là de ma vie, je suis pétrifié et, je dois bien l’avouer, je mets quelques longues secondes à me décider entre prendre le fouet d’Anthony ou de marcher les 827 km pour aller à la salle de la Turbine…

Finalement, je décide de relever le défis, et ne mettrais que 12 minutes pour le faire en marche forcée… En sueur, je suis arrivé à l’heure, ce qui n’est pas qu’une petite fierté.

En ce qui concerne le film à proprement parlé, j’en ai eu pour mes attentes ! On m’avait promis du barré, du trash, du gore, le tout en stop-motion et je ne fus pas déçu. Film espagnol sur un enfant possédé, c’est un enchaînement de grand n’importe quoi qui en profite pour déféquer sur beaucoup de choses, allant de la religion, des médias ou encore de l’institution que sont les toréadors en Espagne. Un délice bourré de références aux films d’horreurs, que je ne peux que vous conseiller !

Le retour se fera en rampant, fin de journée oblige, pour essayer de glaner quelques heures de repos avant une journée de vendredi qui sera sans aucun doute intense. L’arrivée à l’hôtel me fera passer d’abord par l’inspection des troupes par Anthony, qui vérifiera que nous ne ferons rien entrer en douce dans nos cellules, comme des vivres ou encore autres cigarettes servant de monnaie d’échange. Étant clean, c’est avec soulagement que je ne pris que deux tartes, indiquant ainsi que j’avais bien travaillé. Ouf.

Et c’est roulé en boule que je te dis à demain, cher journal, pour une nouvelle journée au Festival d’Annecy.

Bisous mouillés.

On dit souvent que les loutres, c'est cool. Et bien on a raison et même plus encore. David en est justement une, de celles qui aiment manger des kg de films d'animation et en parler par ici. On dit aussi qu'il le fait parce qu'il aime les coups de fouet d'Anthony, mais chut !

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