Cela ne nous arrive pas souvent de vous proposer des articles sur les ouvrages dédiés à l’animation, mais il n’est jamais trop tard pour changer ! L’éditeur Ynnis Editions (toujours au rendez-vous pour honorer les univers animés) nous propose en ce mois d’avril un ouvrage analytique plongeant pleinement dans l’immense oeuvre qu’est Le Château ambulant d’Hayao Miyazaki. Un ouvrage frôlant les 250 pages qui mêle textes, photogrammes et photographies de merchandising pour offrir un beau panorama de l’oeuvre, de ses prémices à son succès en salles. Un must-have à avoir dans sa bibliothèque, tout en poursuivant la collection initiée par la plongée dans Princesse Mononoké du même éditeur (sorti l’année dernière).
Chapitré autour de thématiques bien définies, l’ouvrage de taille moyenne (parfait pour l’exposer dans une bibliothèque) revient sur la genèse et la production du film tout en considérant ses répercussions sur le cinéma miyazakien et la production animée mondiale. Des « débuts » aux « influences » jusqu’aux « thèmes » et « personnages », un panorama intéressant et développé du film est proposé par son auteur Francesc Miro (l’ouvrage est une traduction d’un écrit paru en 2021 en Italie).
En questionnant les coulisses originels du projet, entre les mains d’un Mamoru Hosoda qui s’émancipera finalement des studios Ghibli, l’auteur permet d’étoffer les connaissances de ses lecteurs en rendant hommage aux (nombreux) artistes à l’oeuvre sur le projet. Des artistes ayant eu à coeur de proposer un film à la hauteur de leur chef d’oeuvre précédent, Le Voyage de Chihiro. Comment créer un nouveau film après une oeuvre acclamée ? Une question qui hante l’ouvrage et qui trouve des réponses dans les nombreuses citations de Dianna Wynne Jones, autrice de l’ouvrage dont l’équipe s’est inspiré pour bâtir les contours scénaristiques du Château ambulant. Si l’oeuvre aboutie prend de grandes libertés avec l’écrit de Jones, il n’en demeure pas moins épris de ses philosophies : « Il est clair que l’univers de l’écrivaine s’est enraciné dans celui du cinéaste plus qu’il ne l’aurait voulu, car le film, même s’il s’éloigne du roman, présente de nombreuses connexions avec la biographie de l’autrice. » (p.70)
Mais c’est aussi dans son rapport aux autres oeuvres d’Hayao Miyazaki que ce livre intitulé « A la poursuite du château ambulant » passionne. Etablissant des ponts avec les autres films du réalisateur, à l’image de la sorcellerie omniprésente dans Kiki la petite sorcière, l’écrit de Francesc Miro consacre même un chapitre entier aux autoréférences miyazakiennes à partir de photogrammes comparatifs. Les influences de l’architecture européenne pour les décors du film, l’imagerie steampunk, les clins d’oeil historiques : autant de pistes développées par un essai de qualité sur un film que l’on prend plaisir à redécouvrir, même si les hypothèses formulées par l’auteur manquent parfois d’une réelle prise de risques. Mais ce que le livre perd en originalité, il le gagne en coeur puisque l’auteur avoue à plusieurs reprises son attachement personnel et affectif à l’oeuvre de Miyazaki. Quand les ouvrages sont faits avec le coeur, comment peuvent-ils être décevants ? On redécouvre avec plaisir le très beau film de Miyazaki au fil des pages… c’est une réussite !
Brassant de nombreux thèmes phares du long-métrage – découverte de soi, malédictions magiques, guerres et pacifisme, place du temps dans nos existences, opposition entre jeunesse et vieillesse – cet ajout à la « petite bibliothèque Ghibli » importé par Ynnis Editions est une belle aventure éditoriale. Prenant aussi le temps de revenir sur les nombreux personnages du film ainsi que les étapes de post-production, Francesc Miro ravit ses lecteurs. Ajoutez à ce joli panorama de l’oeuvre un entretien avec Mitsunori Kataama (directeur de l’animation numérique sur le film) et des photos d’articles de merchandising et vous obtenez un livre essentiel pour tous les fans d’animation (et de Ghibli !)
Vous l’aurez compris, A la poursuite du château ambulant est un regard précieux et documenté sur un des plus beaux films d’Hayao Miyazaki (pour être tout à fait franc, je le préfère même au Voyage de Chihiro !) Auréolé d’une iconographie soignée et de clins d’oeil savoureux, l’ouvrage de Francesc Miro est un beau cadeau à (s’)offrir ! Et on s’impatiente déjà de découvrir quelle oeuvre des studios Ghibli sera prochainement mise en lumière par un nouvel ajout à cette belle collection analytique !