On commence à le savoir, les équipes créatives des studios DreamWorks Animation excellent dans l’art de proposer des suites enfonçant le clou de leurs projets originaux en augmentant les curseurs artistiques . Après tout, Kung-Fu Panda 2, Shrek 2 ou Dragons 2 sont les meilleurs opus de leurs sagas respectives (si si !) Dans la droite lignée de cette tradition, Baby Boss 2 : une affaire de famille est une suite plus graphique, plus hystérique et plus drôle encore que son aîné sorti en 2017, ce dernier ayant souffert d’un dernier acte trop bancal pour pleinement convaincre. Mais à trop vouloir en mettre plein la vue et en cherchant à plaire à tous, le long-métrage frôle parfois la surenchère et dissimule difficilement une intrigue familière.
Résumé : Tim Templeton et son petit frère Ted, le fameux Baby Boss sont devenus adultes, ils vivent chacun de leur côté, Tim est devenu un père de famille rangé et Ted est à la tête d’un important fond spéculatif. Mais l’arrivée d’un nouveau Baby Boss, avec une toute nouvelle approche et une stratégie innovante, est sur le point de rassembler les frères ennemis…et inspirer un nouveau modèle dans les affaires familiales.
S’il y a bien un mot qui peut définir ce nouveau cru américain c’est l’inventivité. Le long-métrage de Tom McGrath porte l’empreinte de son capitaine tant le scénario et la mise en scène sont menés tambour battant par une créativité incessante. C’est simple, le film regorge tellement de détails et d’éléments signifiants qu’il en devient presque éreintant (et qu’il mériterait une seconde séance pour être véritablement apprécier). Bien loin du dernier film des studios DreamWorks Animation, Spirit l’indomptable, qui manquait cruellement d’ambition, Baby Boss 2 est une œuvre foisonnante dès sa scène d’introduction (reprenant l’imaginaire débridé de Tim, le grand frère du célèbre bébé « boss »). Un foisonnement graphique (le film déploie explicitement une extraordinaire palette de couleurs sans pour autant perdre en cohérence) mais également narratif (entre des intrigues et sous-intrigues développées lors d’un séjour dans l’école du futur du Dr. Armstrong, antagoniste du film) et auto-référencé (on aperçoit un troll au détour d’une scène tandis que les protagonistes surgissent dans une salle de cinéma diffusant Spirit, l’étalon des plaines au cours d’une autre).
Si l’hystérie graphique mais aussi narrative mettent parfois en péril l’attention du spectateur, d’autant plus que le métrage dure une centaine de minutes, elle peut aussi se révéler pertinente. On pense alors à la scène de métamorphose des deux frères, redevenant des enfants le temps d’une journée, rythmée par la mise en scène mais aussi l’écriture scénaristique déployant des dialogues et des fils narratifs percutants (à l’humour débridée). Tandis que les deux frères se chamaillent pour boire le lait rajeunissant, la nouvelle « boss » de la famille prend le thé avec une peluche désincarnée. L’humour est décapant (voire épuisant dans son dernier quart) mais l’on ne peut feindre notre plaisir devant tant d’ingéniosité. Bizarrement, le scénario se révèle moins efficace lorsqu’il décide de prendre le temps d’installer ses personnages et leurs états d’âme (à vrai dire, la grande sœur de la nouvelle Baby Boss est probablement le maillon faible de cette agitation animée).
Mais à y regarder de plus près, le scénario n’est pas un modèle d’originalité, bien au contraire. Renouant avec l’idée d’un complot machiavélique à désamorcer, avec un antagoniste qui sent le réchauffé, Baby Boss 2 peine à installer un suspense narratif pourtant essentiel. Privilégiant les gags visuels (on rit encore du « coin » punitif dans la classe des surdoués, sorte de havre paisible aux huiles essentielles épuisantes) et les situations abracadabrantesques, le long-métrage manque cruellement de consistance dès lorsqu’il s’agit de légitimer son existence. Bien que les messages sur les liens familiaux soient touchants, ils n’en demeurent pas moins redondants après la première aventure des bébés entrepreneurs. Mais une chose est sûre : le film peut s’adresser à tous puisqu’il dresse le portrait d’une société à la maturité exacerbée (la fille de Tim ne veut-elle pas grandir avant l’heure ?) en s’adressant à toute la famille.
Au final, Baby Boss 2 : une affaire de famille est une aventure indéniablement effrénée qui peut compter sur des graphismes à la pointe et une ingéniosité incessante pour combler tous les publics même si le récit n’apporte finalement pas grand chose par rapport au premier opus. On frise indéniablement le trop-plein, mais n’est-ce pas là la marque de fabrique de l’âge d’or de DreamWorks Animation ? S’il y a bien un studio qui jongle plus ou moins habilement avec l’exubérance, c’est lui !