Découvert à Annecy en 2012, et enfin arrivé en France pour ce Noël 2013, Drôles d’Oiseaux (anciennement Zambezia) a tout de la surprise animée : un jeune studio (qui signe ici son premier long-métrage) et une équipe tout aussi juvénile, l’inquiétude et l’excitation étaient au rendez-vous. Autant le dire tout de suite, l’essai est réussi même s’il souffre d’un terrible manque d’originalité, qu’on peut pardonner tant l’ensemble est visuellement épatant (pour une production au budget anémique, j’entends).
Narrant une histoire somme toute banale, celle d’un fils qui rêve de découvrir le monde et notamment la célèbre ville de Zambezia, malgré les réticences de son père, au passé lourd de souvenirs, le film se révèle pourtant dynamique et agréable à suivre. Et si le manque d’originalité se fait ressentir à la lecture du synopsis, il l’est encore plus à la découverte du film tant les personnages rappellent les oiseaux déjantés du film de Blue Sky, Rio, tout comme la cité de Zambezia et sa patrouille de combattants semblent être calqués sur la cité de Ga’Hoole de Snyder. Pourtant, après ce constat assez malheureux (heureusement, le second long-métrage des studios est beaucoup plus original, et vous pouvez en découvrir notre critique en page 76 dans le hors-série Annecy 2013 si vous ne l’avez déjà fait), on se prend au jeu et le plaisir de suivre cette aventure ambitieuse, ambition clairement ressentie au sein des immenses panoramiques proposés sur la faune sauvage, émerge sans que l’on s’y attende. Avec une animation très convaincante pour un studio d’animation naissant, et un casting vocal cinq étoiles qui s’en donne à cœur joie, Drôles d’Oiseaux n’est pas le vulgaire plagiat que l’on craignait et se révèle même passionnant.
[quote author= »Nathan » bar= »true » align= »left » width= »700px »]Malgré un manque d’originalité évident, Drôles d’Oiseaux est tout à fait louable puisqu’il propose le regard plein de fraîcheur d’un studio émergent qui ne lésine pas sur les moyens esthétiques, offrant de très beaux plans à l’image de cette cité-arbre surplombant les chutes d’eau.[/quote]
Munie d’une 3D relief en pleine immersion (les vols d’oiseaux sont très efficaces et valent à eux-seuls la découverte de cette aventure), l’intrigue a le mérite de proposer de nombreux personnages hauts en couleurs ainsi qu’un méchant charismatique pour le moins inattendu tant sa morphologie ne se prête pas à un film volatile, d’ou un climax très original, faisant oublier les échos trop nombreux du long-métrage avec d’autres productions animées. Il profite également d’une bande originale très rythmée et de décors bien agencés, participant ainsi à l’élaboration d’un parfait divertissement pour toute la famille, avec en prime une bonne dose d’humour qui se destine principalement aux plus jeunes, mais qui n’aura aucun mal à dérider les plus grands. En clair, malgré un manque d’originalité évident, Drôles d’Oiseaux est tout à fait louable puisqu’il propose le regard plein de fraîcheur d’un studio émergent qui ne lésine pas sur les moyens esthétiques, offrant de très beaux plans à l’image de cette cité-arbre surplombant les chutes d’eau. Reste aux équipes de Triggerfish Animation à s’installer confortablement dans le monde des productions animées mondiales, installation qui semble en bonne voie si l’on en croit la qualité grandissante de leurs films avec l’étonnant Khumba succédant à Drôles d’Oiseaux !
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La déception de cette fin d’année. Si les couleurs resplendissent et si la 3D relief est réellement efficace, le manque de précision sur les arrières-plans est difficilement pardonnable. Un grand nombre de scènes est rendu passable à cause de textures très flous dans le décor, en témoignent les innombrables feuilles de l’arbre-ville qu’est Zambezia, qui donnent l’impression d’une masse brouillonne, impression que l’on n’attend certainement pas sur une galette HD. Fort heureusement, l’ensemble du film n’est pas empli de défauts et le format plein écran du film vous permettra de vous plonger dans le film allègrement. La 3D est par ailleurs très efficace et il ne sera pas rare de voir un des nombreux oiseaux du film aller au-delà de votre écran de télévision durant son vol – la sensation de vitesse est en ce sens parfaitement retranscrite. Nous avons même le droit à certaines séquences que l’on pourrait qualifier de « top démo » pour la 3D relief, dont celle d’une course d’oiseaux qui amène les participants à traverser des tubes en bois ! Une réussite du genre ![/tab]
[tab title= »Son »]
Si la partie vidéo de cette édition 3D laisse vraiment à désirer, la partie sonore est bien plus réjouissante. Profitant de deux pistes 5.1 DTS-HD Master Audio, l’ensemble restitue à merveille l’ambiance sonore de Drôles d’Oiseaux. La merveilleuse musique de Bruce Retief amplira vos oreilles et vos cœurs, à l’image de l’arrivée tonitruante à Zambezia, grâce à l’étonnante spatialisation des effets (d’autant plus que les surrounds sont conviés pendant tout le métrage) et la bonne utilisation de la basse qui sait se faire discrète. Seul regret, inhérent au film et non à l’édition vidéo, la trop grande place qu’occupent les dialogues par rapport à l’ambiance sonore de l’aventure de ces oiseaux colorés.[/tab]
[tab title= »Interactivité »]
Une galette vidéo assez intéressante que nous avons là puisque vous pourrez découvrir quatre featurettes sur la création du film, d’une durée totale de vingt minutes approximativement. L’occasion d’observer les créateurs du long-métrage justifiant leurs choix sur la réalisation du film – un bonus destiné aux fans d’animation que nous sommes, exclusivement. L’interactivité destiné aux enfants est, quant à elle, inexistante si l’on ne compte pas les quatre bandes-annonces en 3D relief présentes sur la galette (Hugo Cabret, Animaux & Cie, Alpha et Omega, Freddy Tête de Crapaud). En revanche, le coffret Blu-ray Disc incluera (nous avons eu l’édition 3D entre nos mains) des magnets pour les enfants et un livret de coloriage, de quoi prolonger le plaisir du film. Finalement, cette édition 3D, si elle n’a rien d’exceptionnel, a le mérite de s’adresser à tous les âges puisque si le film stagne parfois un peu trop dans une lecture enfantine, les bonus permettront aux plus grands (que nous sommes) d’en savoir plus sur la production de ce long-métrage agréable.[/tab][/tabs]
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Résultat, cette édition de Drôles d’Oiseaux est assez décevante puisque l’image est loin d’être parfaite. Heureusement, une interactivité un peu plus travaillée et une belle mise en son rattrapent les grossières erreurs de transfert vidéo. Mais une chose est sûre, nous ne pouvons que vous inviter à découvrir ce film d’animation made in Africa malgré ses évidents défauts, inhérents à la naissance d’une créativité qui ne demande qu’à s’amplifier. Il ne nous reste plus qu’à espérer que le prochain film des studios (Khumba qui sortira le 23 avril 2014 en France) aura le droit à une édition vidéo plus ciselée, d’autant plus que le film le mérite encore plus que ces oiseaux pas si originaux !