C’est lors du dernier Carrefour du Cinéma d’Animation au Forum des Halles de Paris que j’ai pu découvrir le nouveau film de Pascal Morelli, son deuxième dans le monde de l’animation, les 108 Rois-Démons. Un film à l’histoire prometteuse tirant son origine d’Au bord de l’eau, l’un des plus célèbres romans chinois, malheureusement pilonnée par presque autant de défauts qu’il y a de Rois-Démons.
[message]Empire de Chine. XIIème siècle. Les Rois-Démons terrorisent tout le pays. Pour vaincre ces monstres, il faudrait avoir le courage de cent tigres, la force de mille buffles, la ruse d’autant de serpents… et une chance de pendu. Le jeune prince Duan n’a que ses illusions romanesques et de l’embonpoint. Zhang-le-Parfait n’a que son bâton de moine et tout un tas de proverbes incompréhensibles. La petite mendiante Pei Pei n’a que son bagoût et son grand appétit. Mais surtout, le prince Duan, le vieux moine et la petite mendiante ne savaient pas qu’il était impossible de vaincre les Rois-Démons. Alors ils l’ont fait ![/message]
Il faut savoir qu’à la base, ce projet de long métrage était prévu dans un style d’animation traditionnel, dont les premières images avaient été montrées il y a de ça un an et quelques. Je vous invite d’ailleurs à chercher le teaser sur internet, sous le nom original du projet “Le Prince et les 108 Démons”, pour constater tout le potentiel initial. Animation dynamique, personnages dégageant un charisme intéressant, art martiaux bien rendus… il y avait là toutes les bases pour un film qui resterait dans les mémoires.
Seulement voilà, il arrive que certaines productions connaissent des revirements de situations hasardeux et celle du dernier film de Pascal Morelli semble s’en être pris un beau. En effet, d’une animation traditionnelle nous sommes passés à un mélange audacieux de prises de vues réelles et CGI. Le tout sur des décors plutôt pastels imitant les estampes chinoises. Cela pourrait rendre le projet encore plus intéressant et malheureusement, vu le résultat, c’est loin d’être le cas.
Et pour cause ! Côté CGI, on ne retrouve que les visages des principaux personnages et de leurs armes, le reste n’étant que prises de vue réelles. Le rendu est étrange, parfois même dérangeant, avec ce quasi éternel défaut des visages inexpressifs de la 3D, le tout posé sur des corps qui cabotinent à l’extrème dans leurs mouvements, comme pour compenser. La meilleure illustration de ce point est sans hésiter le petit prince, dont les nombreux gestes exagérés marquent son côté enfant gaté, mais agacent très rapidement.
[quote author= »David » bar= »true » align= »left » width= »300px »]Il y avait du potentiel dans ces 108 Rois-Démons […] malheureusement le film possède d’énormes défauts.[/quote]
Et même si les costumes sont bien réussis dans l’ensemble, certains laissent clairement à désirer, comme celui de Tourbillon-Noir. Le colosse n’étant pas joué par un homme au physique équivalent, il a fallu compenser avec un costume très rembourré pour un rendu plus flasque qu’impressionnant.
Heureusement, les décors estampillés sont de toute beauté et posent bien l’univers des films d’aventure asiatiques. Les paysages sont magnifiques et le choix des couleurs pour les différentes ambiances, que ce soit dans la forêt ou alors les différents villages visités, valent le coup d’oeil. Dommage cependant que l’intégration avec les corps soit parfois hasardeuse.
Côté fond, on a un film qui mise assez sur l’humour, porté par les plus jeunes protagonistes de la bande de brigands ainsi que certaines vannes qu’on peut retrouver dans des groupes du genre. Ça passe plutôt bien, certaines scènes étant très drôles comme les rivalités dans la bande, mais d’autres sombrent vraiment dans la facilité, qui ne sont clairement pas aidées par le cabotinage ambiant.
L’aspect légende chinoise n’est pas oublié et est intéressant, ce qui est un excellent point, même s‘il est régulièrement entaché par de gros problèmes de rythme et des situations vraiment ridicules, rendant certains passages du métrage plutôt ennuyeux.
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Il y avait du potentiel dans ces 108 Rois-Démons. Un bon contexte avec ce support qu’est le roman chinois et cette réunion de personnages hauts en couleurs que sont les brigands. Malheureusement, le film possède d’énormes défauts, qu’ils soient sur le fond ou bien la forme, qui rendent son visionnage laborieux un peu trop souvent pour réllement vous le conseiller. Les curieux pourront tout de même s’y aventurer, on ne sait jamais.