Hôtel Transylvanie est sorti en France le 13 février dernier. Et pour vous aider dans votre choix, nous vous proposons aujourd’hui non pas une mais deux critiques du long métrage de Sony Pictures animation ! C’est donc Nicolas et Nathan qui ont, chacun de leur côté, écrit noir sur blanc leurs avis respectifs sur ce long métrage tant attendu au tournant, notamment à cause de se production plus que chaotique. Alors, quels sont leurs avis? Quelles notes Hôtel Transylvanie a récolté auprès de ces deux passionnés? Réponse à la suite de l’article.
Critique par Nicolas
Difficile de parler d’Hôtel Transylvanie sans aborder les nombreuses péripéties qui ont émaillé son élaboration, lesquelles ont duré plus de 5 ans et ont épuisé nombre d’artistes et de réalisateurs avant que Genndy Tartakovsky n’entre dans la danse, et ce pour notre plus grand plaisir. Explications.
Car c’est avec un grand handicap que le dernier réalisateur en date est arrivé sur la préparation du film. Une histoire un peu rapiécée, des designs verrouillés, des story artists sur les dents qui ne savent plus quoi faire et terrifiés à l’idée de ressasser une idée déjà exploitée, tout cela constituait tout autant une opportunité qu’un piège parfait pour notre novice du grand écran.
Car Tartakovsky part avec quelques autres premières de son côté : première gestion d’un film en images de synthèse, d’une équipe de long-métrage, d’un rythme autrement différent de la série télévisée… Il rejoint en cela un autre nouveau venu, Chris Moore, ayant eu affaire aux mêmes affres lors des Mondes de Ralph.
La question qui se pose dès lors est : le film est-il bon ?
A ma grande surprise, oui. Impossible bien sûr de nier ses défauts, tels qu’une histoire assez convenue, une narration un brin décousue, des chansons gratuites, quelques blagues de pets d’un certain goût et des designs hétéroclites parfois malheureux et des graphismes que les esthètes de la nouveauté trouveront loin d’être au niveau, mais ce n’est qu’une bagatelle face aux points forts du film.
En premier lieu cette réalisation folle de Tartakovsky qui a réussi à rendre dynamique les enchaînements des évènements tout en cachant dans certaines séquences des modèles de mise en scène que je n’avais plus vu depuis… eh bien depuis sa dernière série, la méconnue et méprisée Sym-Bionic Titan !
Et la force de Tartakovsky ne s’arrête pas là puisque même dans les séquences les plus faibles celui-ci donne de sa personne en changeant de point de vue et en variant la mise en scène pour garder un point de vue frais et vivifiant.
Ce souffle aussi épique que cartoonesque ne traverse d’ailleurs jamais aussi bien l’écran et ne transcende jamais autant la mise en scène que lorsque Dracula s’approprie le cadre. Personnage au design à la limite de l’abstraction, cette version du célèbre vampire est animée à la perfection et incarne l’idéal d’animation du réalisateur : des déformations plus exagérées, une gestion du flou plus minutieuse et des poses dynamiques qui rappellent à la fois ses précédents efforts et un style d’animation que l’on croyait mort et enterré, celui des premiers cartoons où l’outrance et l’élasticité étaient reine (on retrouvait de cette thématique dans le non moins célèbre Qui veut la peau de Roger Rabbit) !
L’histoire tire heureusement parti de ses personnages les plus soignés, se resserrant sur les rapports conflictuels entre Dracula et sa fille Mavis afin de boucler le film sur une résolution satisfaisante. Malgré le manque d’épaisseur accordé par le scénario aux personnages secondaires, certaines séquences leur étant attribués tapent dans le mille, comme Wayne le loup-garou dépassé par ses enfants ou le cuisinier Quasimodo qui n’a quasiment aucune utilité dans l’histoire, mais devient un temps le protagoniste d’une course-poursuite fort bien troussée.
Deux derniers points techniques à aborder : la stéréoscopie est très efficace, comme assez souvent le cas pour un film d’animation et le casting de voix françaises qui était loin de partir gagnant à mes yeux (enfin surtout mes oreilles).
Si la prestation d’Alex Goude est correcte, Virginie Effira s’avère posséder un timbre trop grave pour la jeunesse de Mavis (doublée par la bien plus jeune Selena Gomez dans la version originale, ndlr) mais celui qui emporte le morceau reste le doubleur de Dracula, Serge Faliu, voix officielle d’Adam Sandler, qui a fait un travail remarquable !
Au final, malgré ses défauts dus en grande partie au cursus du film avant que Tartakovsky ne débarque et mette un peu d’ordre, Hôtel Transylvanie est en soi un petit miracle : qu’une genèse aussi tumultueuse ait donné un film tout à fait regardable, transcendé même par le talent encore trop méconnu d’un réalisateur dont on attend désormais qu’une seule chose : un film qu’il pourra gérer de A à Z afin de prouver au public l’étendue de sa maîtrise du médium.
Cher Genndy, on attend ton prochain long-métrage avec une grande impatience, le rendez-vous est pris !
Critique par Nathan
Sortie depuis plus de quatre mois sur le sol américain, la première incursion dans l’univers du long-métrage de l’animateur Genndy Tartakovsky était vivement attendue en France. Projet resté longtemps sans réalisateur fixe, Hôtel Transylvanie avait de quoi effrayer les aficionados d’animation tant sa production semble avoir été chaotique. A l’arrivée ? Un film d’animation à l’esthétique imparable qui pêche toutefois par un traitement scénaristique purement et simplement estampillé 2012. Du coup, pas sûr que le film parvienne à vieillir comme il se doit dans les prochaines années tant cet hôtel n’a rien d’intemporel !
Premier constat : exit la recherche de réalisme qui semble passionner les majors animés ces derniers temps en termes d‘esthétique animée (en témoigne Rebelle ou même Les Cinq Légendes), l’animation d’Hôtel Transylvanie privilégie un retour à l’animation distordue, qui se joue des corps, comme il était si souvent le cas dans les animés de notre passé ! Sans atteindre la virtuosité d’autres studios, Sony Pictures Animation réalise un travail complètement déluré qui a le mérite d’être original, de même que le montage du film, pratiquement épileptique !
Du rythme, voilà ce qui caractérise finalement au mieux le premier long-métrage de Tartakovsky. Les quatre vingt dix minutes du film s’enchaînent à une allure incroyable, à l’image du débit de parole des personnages et des séquences au sein de l’hôtel. Mais ce qui est une force, se révèle aussi être une faiblesse. Réduisant le scénario à une banalité affligeante (une histoire d’amour entre une vampire et un humain), le film perd en intérêt, laissant trop souvent de côté la bande de monstres, qui est pourtant l’atout majeur du film. Plusieurs fois, le film délaisse l’arc narratif et offre des séquences déjà cultes (l’entrée tonitruante au cœur de l’hôtel, la partie de loto, les activités aquatiques), qui auraient méritées d’être bien plus nombreuses (mais l’annonce d’un second opus en cours de production devrait, on l’espère, répondre à nos attentes).
Hôtel Transylvanie est un film terriblement efficace à un instant T, brassant avec brio une culture ponctuelle mais qui aura beaucoup de mal à résister avec le temps.
Parvenir à moderniser les monstres largement connus du grand public, un challenge relevé haut la main même si les conventions hollywoodiennes ont probablement poussées l’équipe du film a concentrer l’intrigue principale sur une histoire d’amour presque twilightienne (on offre finalement au public américain ce qu’il attend, à défaut de le surprendre). Par ailleurs, si vous êtes allergiques aux tendances électro-pops des radios des cinq dernières années (Will.i.am, Ke$ha, etc.), Hôtel Transylvanie risque de vous traumatiser. Voir des monstres se déhancher sur du LMFAO, belle initiative, mais pas sûr que ce choix soit encore efficace dans quelques années. Toutefois, on peut compter sur un doublage vocal français de très bonne qualité (Alex Goude, nouveau dans le métier s’en tire très bien dans la peau de Jonathan, un personnage qui lui va à ravir, et Virginie Efira qui nous avait déjà surprise dans Le Chat Potté) et une 3D relief vraiment bien pensée, apportant un cachet en plus à l’animation sans limites physiques du film. Finalement, Hôtel Transylvanie est un film terriblement efficace à un instant T, brassant avec brio une culture ponctuelle (on pense notamment à la courte dérision de l’évènement Twilight au détour d’un DVD), mais qui aura beaucoup de mal à résister avec le temps, là ou, d’ordinaire, le propre des films d’animation est de brasser des thèmes universels et intemporels !
En conclusion, Hôtel Transylvanie est un film d’animation qui fait plaisir parce qu’il ose un retour aux délires cartoonesques des débuts de ce genre de cinéma, mais qui, paradoxalement, fait aussi rager parce qu’il délaisse catégoriquement des scénettes et des personnages jouissifs au profit d’un arc narratif sans saveurs sentant le réchauffé à des kilomètres, bien qu’efficacement mené. Quoi qu’il en soit, nous ne sommes pas contre l’idée d’un deuxième opus… A condition que les personnages secondaires prennent la première place de l’histoire ![/one_half_last]
4 comments On [Critique cinéma] Hôtel Transylvanie.
Rebonsoir, ce film se laisse voir mais il est vraiment destiné à un jeune public. Bonne soirée.
ce film est topissime!!!!
Une petite référence à Kung Fu Panda dans ton commentaire? ;)
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