Film à la carrière plutôt éphémère en France, mais également à travers le monde, et après un passage avec peu de répercussions au festival d’animation d’Annecy en 2011, Le Chien du Tibet a tout de l’oeuvre mineure d’un cinéaste (Masayuki Kojima) pourtant apprécié pour son agréable et onirique Piano Forest réalisé en 2007. Malheureusement, si sa dernière production n’est pas dénuée d’intérêt – étant entendu par là que le film offre la dose de sentiments que l’on attendait, elle n’en demeure pas moins paresseuse et accumule les poncifs du genre jusqu’à un final aussi attendu que lourd d’effets à l’originalité inexistante.
Fait notable à souligner, Le Chien du Tibet fait parti de ces productions difficiles d’approche pour un jeune public à cause de scènes d’une rare violence alors que paradoxalement, la relation que tisse Tenzin avec ce chien sans maître parcourant les plaines tibétaines reste assez sommaire et convenu. Mature par ses scènes fréquemment sanglantes, le long-métrage l’est aussi pour son propos général : contraint de partir vivre aux côtés d’un père absent depuis sa naissance, le jeune héros ne reconnaît pas le monde tel qu’il le connait, passant du statut de jeune citadin à celui de jeune éleveur de moutons en plein cœur d’une pleine isolée. Toutefois, si un vrai paradoxe scénaristique semble mener le film – entre naïveté et brutalité, les qualités sont là et le film inaugure une découverte passionnante des us et coutumes du Tibet, pays trop peu représenté au sein de la production cinématographique mondiale. Ces traditions sont d’autant plus honorées que le film profite d’une esthétique certes plutôt convenue mais qui répond avec efficacité aux couleurs chaudes et ondulées des plaines tibétaines. Par ailleurs, ce manque d’originalité esthétique peut être envisagé comme une métaphore du long-métrage de Kojima dans son ensemble : sans jamais être un mauvais film, Le Chien du Tibet ne transcende jamais le matériel littéraire dont il provient et les anciennes productions animées provenant du Japon. Autre fait notable de ce réel manque d’implication créative : l’usage abusif d’une musique pathétique au possible servant de renforcement inévitable aux scènes déchirantes qui n’en avaient pas besoin.
[quote author= »Nathan » bar= »true » align= »left » width= »300px »]Le Chien du Tibet n’est pas une production inoubliable, loin de là, mais elle saura ravir un public d’enfants mâtures.[/quote]
Certains crieront à la prise de risque épatante dans un final fantasmagorique qui sort du cadre réaliste ayant mené le film depuis ses débuts, au cœur d’un combat inattendu, alors qu’il s’agit surtout d’y voir une énième divergence futile qui n’apporte rien au développement des protagonistes du film si ce n’est une séquence héroïque pourtant très convenue. Là ou le film aurait pu être une vraie porte d’entrée à l’univers du Tibet, il préfère s’enliser dans une multiplicité des genres qui ne fonctionne à aucun moment. Ainsi, il ne faut pas compter sur un scénario des plus convenus (la relation liant Tenzin à son père est cousue de fil blanc) qui prend du temps pour développer des éléments peu intéressants pour donner de la poigne à un film qui manque cruellement d’âme. De la même manière, les personnages, réduits à des esquisses tant ils manquent de développement (les principaux ne créent que peu d’empathie, là ou certains personnages secondaires peuvent faire sourire) font grise mine. Il est donc clair que si Le Chien du Tibet saura répondre aux attentes d’un large public (à ne pas mettre devant les yeux des plus jeunes toutefois) il n’est pas certain qu’un public connaisseur du monde de l’animation (ou même du cinéma pour enfants tant les liens avec Belle & Sébastien sont nombreux) soit convaincu…
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Une bonne retranscription imagée des nombreuses couleurs chaleureuses composant le film. Le pelage du chien du Tibet s’oppose clairement à la noirceur des démons qui règnent au cœur du mont tibétain et les plaines de ce pays trop peu connu sont magnifiquement retranscrites à l’aide d’une animation fluide et dynamique. Reste à regretter quelques baisses de régime, comme dans les scènes de nuit, plus avares en détails surtout que les fans du film doivent se contenter d’une simple édition DVD (alors que nous le répétons, l’animation nécessite un passage vers la haute-définition pour réellement prendre tout son sens tant les détails proposés par chaque animateur se doivent d’être vus par le spectateur curieux).[/tab]
[tab title= »Son »]
Un univers sonore plutôt bien retranscrit en 5.1 Dolby Digital mais les voix des personnages se noient assez fréquemment dans l’overdose de mélodies sirupeuses composant la réalisation du film. L’intention principale du film étant de faire pleurer dans les chaumières (dans la plus pure tradition des fresques animées pour enfants narrant la rencontre entre un enfant et un animal mal-aimé), l’abondance de musique prend tout son sens, même si celle-ci est cruellement éreintante.[/tab]
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Une galette vidéo bien maigre avec l’absence de tout bonus, de même que les aficionados du film regretteront l’absence d’une version haute-définition du film.[/tab][/tabs]
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En conclusion, Le Chien du Tibet n’est pas une production inoubliable, loin de là, mais elle saura ravir un public d’enfants mâtures (l’annonce « à partir de 7 ans » n’aura jamais autant pris sens) sans que cette découverte soit essentielle tant le mythe d’une amitié entre un animal et un humain est rebattue par tous les studios d’animation du monde entier et, parfois, avec plus d’inventivité !
Merci à Nicolas du site Cinétrafic pour le DVD. D’autres films d’animation par là.