Sorti sur nos écrans fin Novembre 2011, puis sélectionné aux Césars en Février dernier, le dernier film de Jean-François Laguionie (L’île de Black Mor ou même Le Château des Singes) passa quelque peu inaperçu lors de sa sortie en salles, probablement trop imparfait pour parvenir à conquérir le large public visé. Proposant un univers visuel tout à fait surprenant, Le tableau se révèle pourtant décevant puisqu’il paraît témoigner d’un réel manque d’inspiration de son réalisateur.
Dire que le nouveau film de Jean-François Laguionie était attendu serait un euphémisme, d’autant plus que le synopsis promettait une aventure palpitante et morale comme il sait si bien en construire. Pourtant, dès les premières minutes du film, l’ombre de son chef d’œuvre Le Château des Singes plane au-dessus de l’intrigue puisque l’on se retrouve une nouvelle fois face à une confrontation entre plusieurs castes d’un monde imaginaire (les Toupins, les Pafinis & les Reufs) et les personnages/décors ne cessent de faire échos à la réalisation de 1998 (troublante reprise du personnage du Chambellan en la personne du Grand Chandelier notamment). De ce fait, l’originalité est reléguée au second plan et l’on se prend à rêver d’une aventure digne de ce nom à l’extérieur de la toile de peinture lorsqu‘un groupe de personnages s‘évade, mais encore une fois, la déception est au rendez-vous. Menant à un rythme soporifique des personnages inintéressants, voir même hautains si l’on se réfère au personnage principal, la réalisation a beau se révéler inventive puisqu’elle se construit sur l’univers pictural, incluant forcément une abondance de surcadrages, l’intrigue ne prend pas et le spectateur se retrouve donc face à un film manquant d’imagination se répétant inlassablement. Au contraire, si la narration fait pâle figure, on ne peut pas en dire autant de l’animation du film qui est absolument convaincante.
La peinture est partout dans ce long-métrage et les hommages techniques sont efficacement nombreux. Au premier plan, le rendu « peinture à l’huile » des personnages est remarquable, leur permettant de conserver leur patte graphique même lorsqu‘ils se promènent dans un décor réaliste (l‘atelier de leur créateur, le peintre). Quant aux décors, ils s’émancipent des codes maintes fois utilisés dans l’animation mondiale et privilégient une planéité des ambiances, loin des effets tape à l’œil de la 3D. Par ailleurs, alors que la trame scénaristique est particulièrement sombre, l’équipe d’animation réussit à varier les teintes en passant d’une forêt sombre à un festival musical endiablé dans les rues d’Italie. Du coup, l’imperfection du scénario a beau laisser de côté le cœur du spectateur, les yeux de celui-ci seront émerveillés plus d’une fois dans ce film qui tiendrait finalement plus de l’art vidéo que du cinéma. En ce sens, la dernière séquence du film est bien trop fade puisqu’elle propose des scènes tournées avec un acteur en chair et en os qui paraissent ô combien désuètes après une heure trente d’émerveillement graphique. De plus, il est important de souligner l’efficacité d’un casting vocal inconnu qui se révèle constamment très juste, s’éloignant des surinterprétations absurdes propres au cinéma d’animation depuis quelques années, donnant un soupçon d’âme à des personnages malheureusement fades.
[tabs tab1= »Image » tab2= »Son » tab3= »Interactivité »]
[tab]
L’éditeur France Télévisions Distribution nous propose une copie imparfaite, à l’image du film. Possédant une palette de couleurs très étendue, le long-métrage de Laguionie demande une retranscription précise, ce qui n‘est pas forcément le cas sur cette édition vidéo. Les noirs sont finalement assez peu prononcés alors que les scènes colorées sont agréables à découvrir. Après tout, nous sommes sur une édition DVD, et l’on imagine que l’édition HD de ce film saurait répondre à nos attentes difficiles ![/tab]
[tab]
Beau travail de la part de l’éditeur vidéo qui propose une spatialisation agréable en Dolby Digital 5.1. Les différentes ambiances contenues dans le film se prêtant bien au travail sonore, l‘édition vidéo se devait d‘être à la hauteur, et elle l‘est. Porté par une bande-originale presque nostalgique (mais relativement redondante) et des bruitages mystérieux, Le tableau ne néglige pas le son, loin de là, pour notre plus grand bonheur ![/tab]
[tab]
Un contenu sympathique, ce qui n’est, à l’heure actuelle, pas une évidence dans les éditions DVDs qui sont de plus en plus maigres. Pour les plus grands fans du film, des scènes animatiques sont proposées alors que les curieux comme nous seront plutôt attirés par un making-of rapide (une vingtaine de minutes) mais somme toute agréable puisqu’il nous plonge au cœur de certaines étapes de la création et notamment dans celle de l’animation, menée par une animatrice passionnée ! Vous retrouverez également la traditionnelle bande-annonce.[/tab]
[/tabs]
En conclusion, Le tableau est un film visuellement chatoyant qui déçoit pourtant grandement à cause de son scénario insipide qui reprend une majeure partie des éléments de la réalisation précédente de son créateur, sans en délivrer la même teneur émotionnelle. Fort heureusement, l’émerveillement technique est là et la copie DVD proposée par France Télévisions vous permettra de découvrir cet univers visuel sous un jour plutôt agréable.
[divider]
4 comments On [Critique DVD] Le tableau.
Et si on a pas vu ses précédents films, pas d’ombre au tableau, pas d’attentes, donc ça passe ? Ou si on est pas difficile ? ^^.
Bon. J’ai plus qu’à attendre qu’on m’offre le DVD pour me faire un avis !
Si tu n’a pas vu ses précédents films, tu seras certainement plus apte à découvrir ce film, en effet, mais ça n’empêche pas que l’intrigue manque terriblement d’enjeux dramatiques auxquels on peut croire ! Mais sinon, c’est vraiment un beau film visuellement ;) !
La bande annonce fait déjà rêver visuellement, donc pour ça je te crois sur parole ! Après j’ai tendance à être déçue par tous les films dernièrement donc bon.
Pingback: Cartoon Movie 2018 - Lulu & Nelson - Little Big Animation ()