Deux ans seulement après leur première aventure trop convenue pour adapter fidèlement les cartoons de Charles Addams, La Famille Addams s’engage dans une « virée d’enfer » exacerbant davantage les défauts de son aînée. Au fil d’un road-trip artificiellement construit autour d’une quête d’identité, La Famille Addams 2 : une virée d’enfer n’est pas le divertissement automnal escompté. Rapidité d’exécution rime rarement avec réussite artistique…
Résumé : Dans cette nouvelle aventure, on retrouve Morticia et Gomez perdus face à leurs enfants qui ont bien grandi, ils sautent les repas de famille, et ils passent leur temps rivé à leurs écrans. Pour tenter de renouer les liens familiaux, ils décident d’embarquer Mercredi, Pugsley, Oncle Fétide et toute la bande dans leur camping-car hanté et de prendre la route pour les dernières tristes vacances en famille. Leurs aventures à travers les Etats-Unis les sortent de de leurs repères familiers et les plongent dans des situations hilarantes avec leur iconique cousin, La Chose, bientôt rejoints par de nouveaux personnages farfelus. Mais qu’est-ce qui pourrait mal finir ?
Comme les bandes-annonces le laissaient présager, La Famille Addams 2 n’a d’Addams que le nom. Broyée par une production fainéante, la palette de personnages délurés est au service d’une intrigue ronronnante qui plaira, au mieux, à un jeune public. Les fans de la première heure pleureront encore l’aseptisation de l’imaginaire pensé par Charles Addams. Exit l’humour morbide et les accents gothiques. Le film ayant été réalisé en deux années seulement après le succès surprise de l’opus précédent, les coupes budgétaires et les imprécisions techniques se cristallisent tout au long de la séance. Arborant un esthétisme basique (un comble pour un film vantant l’originalité d’une famille hors-normes) aux textures lissées et au character design grossier, le long-métrage peine à convaincre des rétines habituées aux univers léchés. Difficile de croire qu’un tel film à l’esthétique dépassé puisse avoir les honneurs d’une sortie en salles, même si les décors se révèlent plus variés que dans le premier film, road-trip oblige.
Sur le plan narratif, la production américaine peine à légitimer son existence. Prétextant une crise d’identité pour la protagoniste phare du récit (Mercredi), le scénario enchaîne les péripéties aux enjeux minimes pour justifier l’avancée des personnages. C’est simple, tous les membres de la famille sont réduits à un trait de caractère et parcourent machinalement toutes les situations du film. Sans jamais proposer des écarts loufoques ou cartoonesques (exception faite d’un combat final aussi improbable qu’inventif), l’univers faussement gothique du film ne se hisse jamais à la hauteur du modèle du genre : la saga Hôtel Transylvanie (dont le quatrième opus est injustement privé d’une sortie en salles !) des studios Sony Pictures Animation.
Étant de ces films ancrés dans leur époque, La Famille Addams 2 accumule les morceaux pops pour rythmer l’aventure proposée tout en convoquant des comiques balisés pour faire sourire les plus jeunes des spectateurs. Amateurs de comiques répétitifs, vous serez comblés, à l’image d’un couple de figurants peinant à concrétiser une demande en mariage. Quelques clins d’œil à des classiques du 7ème art jalonnent l’aventure (l’éternelle Carrie a le droit à son remake enfantin) tout comme l’inévitable scène musicale entonnée par un Lurch (le serviteur de service) incohérent transformant une bande de bikers en danseurs amourachés de rythmes discos. Détourner des êtres stéréotypés dans une danse effrénée, Raiponce l’a déjà fait, en mieux. Sans être foncièrement mal construit, La Famille Addams 2 est surtout trop balisé pour surprendre un tant soit peu les spectateurs habitués. Forgé dans le même moule qu’une multitude de productions animées depuis plus de dix ans, ce nouveau film sonne déjà daté et ne parvient quasiment jamais à retrouver le souffle des premiers cartoons de l’univers mis en scène.
En somme, cette seconde aventure de la famille gothique offre toujours un peu moins de noirceur pour encore plus de banalités frustrantes. Désormais, on ne peut compter que sur Tim Burton (et son projet en live action sobrement intitulé Mercredi, sur Netflix) pour nous offrir la famille sombre que nous méritons. On croise les doigts !