Alors que le public français attend avec impatience la sortie sans cesse repoussée de la seconde aventure de la famille préhistorique sur les écrans (maudite pandémie!), la sortie du film en vidéo sur le sol américain nous permet aujourd’hui de vous en parler. Avec une nouvelle équipe créative à la barre (Joël Crawford prend la place de Chris Sanders et Kirk DeMicco), Les Croods 2 est probablement plus déluré que son aîné mais rate le coche lorsqu’il s’agit de renouer avec l’intelligente inventivité de ce dernier. Une belle aventure qui a un léger goût d’inachevé alors que DreamWorks Animation cède encore une fois aux sirènes des suites commerciales.
N’oubliez pas de lire notre critique du premier opus, en suivant ce lien.
Résumé : Les Croods ont survécu à leur part de dangers et de catastrophes mais ils vont maintenant devoir relever leur plus grand défi : rencontrer une autre famille.
Les Croods ont besoin d’un nouvel endroit où habiter. La famille préhistorique part alors en quête d’un endroit plus sûr. Quand ils découvrent un paradis idyllique entouré de murs, ils pensent que tous leurs problèmes sont résolus… Mais une famille y vit déjà : les Bettermans.
On prend les mêmes et on recommence : tandis que les Croods ont appris à évoluer avec les méthodes plus modernes de Guy, nouvellement arrivé dans la famille, le scénario de leur seconde aventure enfonce le clou en les mettant au contact d’une famille érigeant le confort de vie au rang d’essentialité. Exit la sauvagerie de la caverne platonique, bienvenue à la maison quasi connectée avant l’heure. La trame narrative, si elle ne manque pas de charme et d’entrain (à vrai dire, elle file à deux cent à l’heure dans la plus grande tradition des rides comiques made in DreamWorks Animation), sent un peu le réchauffé tout en proposant une nouvelle galerie de personnages au fort capital sympathie. En sacrifiant l’émotion vive du premier film (la soif de liberté et les liens d’une famille hétérogène) sur l’autel de l’humour débridé, Les Croods 2 est obligatoirement une petite déception.
En prônant encore et toujours le vivre ensemble (alors que nos sociétés confinées peinent à retrouver un souffle communautaire), le scénario de Kevin Hageman, Dan Hageman, Paul Fisher et Bob Logan privilégie les séquences hystériques à la construction d’un récit touchant. Il en va de même pour la pauvre inspiration du character design des monstres du film qui s’éloigne malheureusement de l’incroyable inventivité des bêtes du premier opus. Point de subtilité lorsqu’il s’agit de croiser des loups-araignées ou des requins de terre : l’hybridation graphique est au mieux paresseuse. Même sens de la subtilité du côté de la séquence flash-back introduisant le film : on y découvre le triste sort des parents de Guy, une manière de préparer grossièrement l’intrigue du film à venir en mettant les pieds dans le plat dès les prémisses du récit.
En revanche, si le film n’est pas un modèle de finesse sur le plan scénaristique, les spectateurs peuvent compter sur l’incroyable dynamisme de l’ensemble. Qu’il s’agisse des inventions de la nouvelle famille rivalisant d’intelligence et de liens avec notre monde (l’addiction de Thunk à la fenêtre-écran est une très belle idée) ou de l’émancipation des figures féminines (dans l’air du temps), le contenu est dense. Le propos est d’autant plus charmant qu’il peut compter sur des personnages dévoués à l’intrigue humoristique : la nouvelle mère de famille est caractérisée avec soin et l’on ne se lasse pas des anecdotes improbables de la grand-mère de la famille (et sa chevelure… foudroyante!)
On peut également compter sur le savoir-faire des équipes créatives pour nous émerveiller sur le plan graphique : le film est évidemment magnifique et déploie une palette de couleurs détonnante. Même si les contours des personnages et du bestiaire manquent d’originalité par rapport au premier film, on ne peut qu’être subjugués par la maîtrise numérique de l’équipe aux manettes du projet. Les textures sont encore plus soignées qu’avant : le plaisir visuel est indéniable !
Les Croods 2 est-elle une suite essentielle ? Loin de là. Mérite-t-elle le coup d’oeil ? Assurément, si tant est que vous ayez apprécié le premier opus. Taillé dans le même moule que son aînée, l’aventure n’en demeure pas moins réjouissante, d’autant plus qu’elle peut compter sur des graphismes bluffants. Moins inventive, elle en a tout de même sous le coude et fort de ses nouveaux personnages attachants, elle saura plaire à un large public. Ce n’est déjà pas si mal ! Mais l’on pleure le temps où les équipes de DreamWorks Animation prenaient plus de risques…
Critique rédigée par Nathan (Instagram)