(Critique) Les Rois du rallye de Ross Venokur

Longtemps décalée pour trouver la meilleure date possible, la sortie du nouveau long-métrage des studios Vanguard (s’étant par le passé illustrés sur des parodies de contes de fées) s’annonce enfin pour le 14 août via Alba Films. Les Rois du rallye, comédie d’action mêlant récit de course automobile, taoïsme et bons sentiments propose un divertissement calibré pour divertir son public. Un film à l’originalité moindre mais à l’exécution percutante. 

Résumé : Gi, un jeune pilote, fait le pari qu’il pourra battre le champion en titre, le machiavélique Archie Vaingloriol, à la plus grande course de rallye. Avec l’aide d’un ancien pilote devenu mécanicien, il devra affronter les pièges de ses adversaires et gagner la course pour sauver son village.

(c) 2022 REP Productions 6 Limited

Comme tout bon récit sportif qui se respecte, Les Rois du rallye nous propose la rencontre d’un jeune rêveur, Gi, un loir lent, en mal de courses endiablées. Ces dernières hantent ses songes et s’opposent avec la philosophie résolument zen promulguée par sa grand-mère qui l’élève. Vitesse ou taoïsme : deux voies s’offrent à Gi mais les projets capitalistes d’un crapaud malveillant le poussent rapidement à s’impliquer dans l’art de la course motorisée. Pour sauver le village apaisé de sa famille, le voilà engagé dans la Course de la route de soie jusqu’à Shanghai. Une compétition divisée en plusieurs courses au fil desquelles le héros apprend à se faire davantage confiance mais aussi à travailler en équipe pour déjouer les plans de l’antagoniste. Un antagoniste pourvu de sbires interchangeables renforçant l’aspect comique de l’histoire, notamment dans le recours aux rires diaboliques. 

On pense alors beaucoup aux récits de course automobile qui peuplent nos écrans, au premier rang desquels on retrouve la saga pixarienne, Cars (qui elle-même, empruntait déjà aux conventions du genre). En s’offrant les services d’un mécanicien anciennement coureur, Gi prend le chemin de Flash McQueen épaulé par Doc Hudson – la première rencontre du loir et de la chèvre (dans Les Rois du rallye) se fait d’ailleurs dans un garage évoquant le passé du vétéran, éclairé par un coucher de soleil comme dans le film de John Lasseter. Passée cet air de déjà-vu, le film nous embarque avec émotion et dynamisme dans cette course effrénée vers l’accomplissement de soi et le sauvetage de l’héritage familial. On s’attache rapidement au protagoniste, d’autant plus qu’il est pétri d’inquiétudes et, de ce fait, plus humain que jamais. En s’illustrant davantage par ses actes et son altruisme plutôt que par ses victoires, Gi se révèle être un véritable modèle pour le public, même si tout cela n’est pas novateur. Les Rois du rallye est aussi une histoire d’amour, et de trahisons, comme tout bon récit à rebondissements qui se respecte. Profondément traditionnel – et par là-même efficace puisqu’il suit les schèmes usités et confirmés – le long-métrage passe aussi par l’inévitable solitude du héros en amont du climax dans une séquence évocatrice sous un ciel orageux avec un air de jazz intradiégétique. 

(c) 2022 REP Productions 6 Limited

Graphiquement, le film de Ross Venokur est plutôt efficace et ambitieux puisque les figurants sont nombreux et les scènes de course automobile virevoltantes. Mieux encore, la mise en scène s’évertue à toujours maintenir l’intérêt de ses spectateurs en diversifiant le traitement des courses composant la compétition, à l’image d’une poursuite crayonnée sur l’un des plus gros tubes du groupe norvégien a-ha. Les décors sont peu travaillés et l’univers manque quelque peu de singularité avec son côté Zootopie modeste mais l’enthousiasme généralisé des animateurs et de la mise en scène sauvent la mise. Et la course finale, riche en rebondissements à la Mario Kart jusqu’à la cité chinoise, finit de nous convaincre ! 

Au final, Les Rois du rallye n’est pas original pour un sou avec son histoire de compétition automobile, mais la narration remplit si consciencieusement tout le cahier des charges du divertissement familial qu’elle en devient performante. Fort de son classicisme narratif et visuel, le film de Ross Venokur ne marquera pas les annales du cinéma d’animation mais il offrira une agréable séance à toute la famille, ce n’est déjà pas si mal ! 

(c) 2022 REP Productions 6 Limited

En salles le 14 août via Alba Films

Nourri aux univers animés depuis la découverte de "Kirikou et la sorcière" en 1998, Nathan porte son regard critique et analytique sur l'univers des longs-métrages. Il est rédacteur sur Focus on Animation depuis 2012 et est l'auteur d'un ouvrage somme sur la carrière de Michel Ocelot (chez Third Editions).

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