(Critique) Petit Panda en Afrique de Richard Claus & Karsten Kiilerich

Un panda en Afrique ? C’est le projet improbable né dans l’esprit de Richard Claus, déjà à la barre de l’aventure amazonienne Ainbo, princesse d’Amazonie aussi présentée au festival d’animation d’Annecy en sélection, comme son nouveau film. Il collabore pour l’occasion avec Karsten Kiilerich pour un divertissement calibré à destination d’un (très) jeune public. Un divertissement honorable, non dénué d’emprunts divers aux recettes éculées, qui fait de la solidarité et de la tolérance des qualités à célébrer. 

Résumé : Pang est un jeune panda qui grandit dans un village idyllique au cœur de la Chine. Mais lorsque sa meilleure amie, Jielong la dragonne, est enlevée pour être offerte en présent à un jeune roi lion capricieux, Pang n’hésite pas une seconde : il embarque pour une aventure qui va le mener jusqu’en Afrique ! Aidé par un malicieux singe, Pang va rencontrer de nouveaux amis et découvrir les splendeurs d’un continent totalement inconnu des pandas.

(c) Le Pacte

Dans la Chine fantasmée de Petit panda en Afrique, les pandas cohabitent à merveille avec de majestueux dragons commandant la météo. Fort originale, cette idée s’accompagne d’une lecture moins traditionnelle des êtres fantastiques que sont les dragons, la jeune Jielong cherchant à maîtriser le souffle gelé remplaçant l’habituel jet de flammes de sa race. Le film de Richard Claus et Karsten Kiilerich pousse à voir au-delà des apparences en déconstruisant les idées reçues sur les êtres rencontrés, et ils sont nombreux ! Au cours de son périple, Pang (le panda) croise le chemin d’hippopotames, de girafes, de suricates, de hyènes et de tant d’autres animaux propres à l’Afrique. Les personnages secondaires s’accumulent, quitte à ne jamais les développer, pour offrir des pastilles humoristiques bienvenues sur le chemin du jeune héros. Campés par un casting français de qualité au doublage, ces animaux diversifient une histoire profondément balisée, pour ne pas dire empruntée à l’un des plus grands succès de l’histoire de l’animation… 

Dès lors que le scénario s’invite à la cour d’un jeune prince félin au coeur de l’Afrique, les parallèles avec Le Roi lion des studios Disney s’exacerbent et amenuisent la singularité du film. Jugez par vous-mêmes : un jeune lionceau, héritier du trône, doit composer avec l’attitude complotiste d’un oncle envieux. Vous avez dit Scar ? Il y a bien l’arrivée d’un panda et d’un dragon chinois en terre des lions pour insuffler de l’originalité dans cet ensemble, mais est-ce suffisant ? Pas tout à fait. Les choix narratifs, quelque peu aléatoires, peinent parfois à s’imbriquer avec cohérence. Un sentiment renforcé par une bande originale évoquant constamment d’autres oeuvres animées avec pour personnages principaux des pandas ou des dragons… En choisissant d’expatrier Pang et son ami, l’équipe créative semblent avoir recherché une forme de singularité, que le film ne parvient malheureusement jamais à trouver.

(c) Le Pacte

Fort heureusement, Petit panda en Afrique compense ses errances narratives par une mise en scène soignée et des graphismes 3D convenables, du moins sur le plan des paysages, se déployant dans des décors exotiques enchanteurs assurant le dépaysement recherché par les spectateurs. L’animation des personnages est moins convaincante, notamment parce que les mouvements des personnages manquent cruellement de naturel, on pense par exemple aux déplacements presque aériens des hyènes. Le véritable atout du film est à retrouver dans le caractère bienveillant, optimiste et altruiste de Pang qui n’hésite jamais à prendre des risques pour sauver ses amis, ou des inconnus. Petit panda en Afrique n’est jamais plus qu’un divertissement calibré pour son public, mais il a le mérite de véhiculer de belles valeurs aux spectateurs. 

(c) Le Pacte

Au final, Petit panda en Afrique est une fable un brin anecdotique sur l’acceptation de la différence mais aussi sur les atouts de la solidarité en situation de crise. Oscillant entre des emprunts peu subtils aux grands récits de l’Histoire animée et des ressorts narratifs singuliers mais injustifiés, le long-métrage de Richard Claus et Karsten Kiilerich plaira assurément à son jeune public, à défaut d’embarquer les plus grands dans cette odyssée à travers les continents. « Même un voyage de mille kilomètres commence par un seul pas » affirme l’un des personnages… espérons que l’odyssée créative de Claus le mènera finalement vers la singularité dans un prochain projet.

En salles le 7 août via Le Pacte

Nourri aux univers animés depuis la découverte de "Kirikou et la sorcière" en 1998, Nathan porte son regard critique et analytique sur l'univers des longs-métrages. Il est rédacteur sur Focus on Animation depuis 2012 et est l'auteur d'un ouvrage somme sur la carrière de Michel Ocelot (chez Third Editions).

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