Quoi de mieux pour fêter le dernier jour de la Fête du cinéma en France (le 3 juillet) qu’un film sur le septième art ? Longtemps repoussée, la sortie de Pompo the Cinéphile est enfin à notre portée via Art House. Une sortie tant attendue car le long-métrage propose une plongée frénétique dans les coulisses créatifs d’un tournage auteuriste au coeur d’un Hollywood-like satirique. Une œuvre gorgée d’idées et d’éclats visuels qui parfois, par excès d’intention, noie son public de contenus et de montages effrénés. Mais une chose est sûre : on ne s’y ennuie jamais !
Résumé : Bienvenue à Nyallywood, la Mecque du cinéma où Pompo est la reine des films commerciaux à succès. Le jour où elle décide de produire un film d’auteur plus personnel, elle en confie la réalisation à son assistant Gene. Lui qui en rêvait secrètement sera-t-il à la hauteur ?
En faisant la rencontre de l’ambitieuse et productive Pompo, réalisatrice renommé de séries B, le spectateur découvre aussi son assistant, le plus réservé Gene. Mis en parallèle tout au long du métrage, ces deux personnages opposés offrent au public deux conceptions d’un art hétéroclite. Avec son amour débordant pour le cinéma et son caractère hésitant, Gene se distingue de l’autoritarisme de Pompo dont la mise en scène se joue constamment. Une mise en scène malléable qui réinvente toujours son imagerie et ses plans pour embrasser la réflexion sur le cinéma et la créativité de ses personnages (comme lorsque Pompo parle des yeux ternes de son assistant). Animés de formes filmiques – comme ces morceaux de pellicules surgissant à l’écran – les séquences créatives du film de Takayuki Hirao sont visuellement riches. Jusqu’au trop plein ?
Le montage frénétique et les innombrables musiques pop vaguement adaptées confinent parfois à l’expérience éreintante. C’est là que le personnage plus réservé de Gene s’érige en véritable protagoniste à même de contraster avec l’hystérie ambiante du récit. D’une durée de 90 minutes – et pas une de plus car il s’agit là d’une dissension entre Pompo et son assistant, ce dernier ne se refusant pas une plongée de 3 ou 4h dans un film – Pompo the Cinéphile est une satire mise en abîme du monde du cinéma. Tout y passe : le tournage, le casting, le montage et la quête de financement. Le film ne s’arrête jamais tout en donnant l’impression de saturer le spectateur d’informations, un paradoxe à mettre sur le compte des idées nombreuses d’un long-métrage animé par sa passion du grand écran. Le long-métrage de Takayuki Hirao est plus qu’un film, il est une leçon méta-réflexive sur son art, à l’image d’une deuxième partie filmique plus recentrée sur l’art du montage. Tout en réfléchissant à l’assemblage des plans de son film, Gene pense à l’oeuvre dans laquelle il gravite lui-même. Ne cherche-t-il pas à commencer par une entrée éblouissante et percutante ? Une manière de renforcer la note d’intention de son propre réalisateur ayant débuté son oeuvre par une séquence frénétique… bien qu’indigeste.
Véritable lettre d’intention incarnée sur l’écran en lieu et place d’une histoire méthodiquement bâtie, le film de Takayuki Hirao est une plongée incessante vers les objectifs créatifs de ses équipes. L’exaltation du septième art prédomine parfois sur la construction narrative des personnages mais les sous-textes artistiques passionnent. C’est en échangeant finalement avec un artiste en fin de carrière que le jeune héros comprend les enjeux de la création : s’incarner dans son film permettrait de chercher à identifier sa propre personnalité. Créer : une quête de soi ?
Au final, Pompo the Cinéphile est une œuvre si investie dans son projet de célébration du cinéma qu’elle en devient fascinante. Imparfaitement construit autour des coulisses d’un film, le long-métrage de Takayuki Hirao est d’une générosité insatiable dans l’amour qu’il porte au septième art et à ses personnages. Le cinéma est roi quand on part en quête de soi…
En salles le 3 juillet via Art House.