Amateurs de délires animés à la DreamWorks Animation post-Shrek et fanatiques d’anachronismes, Samouraï Academy vous tend les bras ! A partir d’un postulat somme toute banal (un village de chats est en quête d’un samouraï pour se protéger des bandits tandis qu’un seigneur local fomente un plan égoïste dans sa demeure), le long-métrage déploie une armada d’intrigues et de références loufoques pour bâtir une entreprise cinématographique surprenante. Si l’émotion est sacrifiée sur l’autel de l’humour permanent, le film ne manque pas d’idées pour combler son public !
Résumé: Hank est un chien enjoué qui rêve d’être samouraï dans un monde où ce privilège n’est réservé… qu’aux chats ! Moqué, refusé par toutes les écoles de samouraïs, il rencontre un gros matou grincheux, un maître guerrier qui finit par accepter de lui enseigner les techniques ancestrales des samouraïs. L’apprentissage va être rude pour le jeune chien remuant et dissipé : il faut apprendre à manier le sabre, devenir agile comme un chat, maîtriser les arts martiaux, et Hank n’est pas très doué. Mais pour devenir samouraï, Hank se donne… un mal de chien ! Quand l’armée de chats du Shogun déferle sur la ville, le courage et l’astuce de l’apprenti samouraï vont enfin s’avérer utiles : « chat va barder, il va leur mettre la pâtée » !
Très vite, le film nous fait comprendre que l’humour à la seconde sera la ligne directrice du projet. On ne compte plus les gags visuels anachroniques qui jalonnent l’aventure des héros (les tweets, la case en cas d’urgence, les boîtes de nuit, le design « limousine » des véhicules, et tant d’autres encore) et l’usage des champs contre-champs est généralisé : Samouraï Academy est le temple du gag (visuel ou référencé). Ainsi, il peut se targuer de s’adresser à tous les publics puisque les plus jeunes riront des péripéties loufoques du film tandis que les plus grands s’amuseront clairement des références glissées tout au long. Elles sont innombrables (et parfois un peu forcées) mais elles ont le mérite de rendre un bel hommage au septième art, qu’il s’agisse d’une séquence inspirée de West Side Story, de clins d’oeil à Jurassic Park ou même de réinvestissements de films de kaijus. Cette générosité narrative permet finalement au film d’auréoler un scénario trop convenu (une fois encore, on retrouve une fable sur le combat des faibles contre l’égocentrisme des puissants) d’une folie bienvenue.
Après tout, Samouraï Academy est un film de samouraïs aux péripéties convenues, si ce n’est que les hommes sont animalisés en chats et que les anachronismes sont nombreux. Les personnages ne se rendent-ils pas dans une soirée clubbing qui dépareille avec l’ambiance moyenâgeuse du récit ? On ne sait donc jamais où nous mènera le film dans la séquence suivante mais cette liberté de ton entrave la création d’un univers vraisemblable auquel le spectateur peut croire. Dès lors, on se laisse porter dans un délire qui ne peut s’empêcher d’user de ressorts faciles (est-il surprenant que les blagues de pet soient convoquées?) Réduisant constamment à néant sa dramaturgie par son registre comique exacerbé, le long-métrage ne parvient jamais vraiment à créer un lien affectif avec ses personnages. Et ce n’est pas le climax du film, sur une cuvette de toilettes géantes, qui me contredira !
Sur le plan graphique, le constat est quelque peu amer : le character design manque d’originalité (alors que le film ne cesse de se montrer fougueux dans ses gags) et l’intégration 3D des personnages laisse à désirer. En revanche, le film peut compter sur des décors soignés pour nous embarquer tout en rendant hommage aux films de samouraïs les plus célèbres. C’est aussi par ses fréquents franchissements du quatrième mur que le long-métrage surprend : alors que le héros s’apprête à apprendre à être un samouraï, il ironise sur l’arrivée prévue d’une traditionnelle séquence de montage, dépassant ainsi le cadre de la diégèse moyenâgeuse.
Vous l’aurez compris, Samouraï Academy est un sacré délire qui a le défaut de ses qualités. Débordant de gags et de références cinématographiques, le long-métrage en perd son identité tout en faisant le choix de graphismes juste passables. On a connu Rob Minkoff plus inspiré mais l’abondance d’humour et de clins d’oeil empêchent le ratage artistique. Un résultat en demi-teinte, en somme, qui ne manquera pourtant pas de ravir un jeune public tant le rythme effréné du film ne laisse que peu de place à l’ennui.