Pour son premier film en tant que réalisatrice, Chelo Loureiro met en scène une histoire longtemps mûrie si l’on en croit le dossier de presse : « Il m’a fallu presque soixante ans et beaucoup d’expérience accumulée pour oser le faire. Il n’est jamais trop tard… » : l’histoire d’une jeune fille avec trisomie 21 qui cherche à s’accomplir au-delà de ses différences pour atteindre son rêve : être trapéziste. Mais à la différence d’Unicorn Wars que Chelo Loureiro a produit, Valentina s’adresse à un public spécifique (les jeunes enfants) avec son récit touchant et pédagogique.
Rendez-vous le 22 mars en salles via Eurozoom !
Résumé : Valentina, adorable petite fille avec trisomie 21, vit mal son handicap, persuadée que cela l’empêche de réaliser son rêve : devenir trapéziste. Du fin fond de sa chambre, au rythme de la musique, Valentina part pour un voyage imaginaire et merveilleux dans lequel elle découvre qu’elle est capable de tout, comme les autres enfants.
Passé un générique dépeignant la belle relation de Valentina et de sa grand-mère, la disparition de cette dernière impulse la quête de la protagoniste. Mais où est donc partie sa grand-mère ? Valentina regrette qu’elle ne lui ait pas dit au revoir avant de partir en voyage… Un fil rouge narratif qui permet au film d’aborder la disparition d’un être cher avec philosophie tandis que la métaphore du papillon incarne l’être disparu à l’écran. La métaphore n’étant pas loin de la métamorphose, Valentina s’engage dans l’accomplissement d’elle-même. « Etre génial, c’est tout ce qui compte ! » déclame-t-elle en fin de parcours.
Qui dit récit à hauteur d’enfant, dit animation chatoyante : même si le récit met du temps à s’extirper de la chambre de l’héroïne, son refuge habité par des objets humanisés, la suite du voyage ravira le jeune public. Les couleurs chaudes et pastel font leur office tandis que la mise en scène pave cette quête initiatique de quelques idées charmantes : la marche autour du petit monde de l’enfance ou la voile-partition d’un bateau, entre autres. Portée sur le didactisme, la production espagnole accompagne son personnage titre de personnages secondaires instructifs, à l’image de pièces d’échec l’aidant à prendre conscience de l’importance de sa grand-mère, ou des apprentissages, dans la vie. Même si Valentina doit faire face à des difficultés d’apprentissage, elle peut compter sur les rythmes musicaux et les chansons pour progresser et retenir ses leçons, comme cette chanson sur les multiples de 7 dans un univers fantasmé.
Musicalement, le film est d’une naïveté sans faille mais il comporte son lot de refrains imparables qui resteront dans la tête du public, comme cette chanson sur les allergies, entonnée par une pièce d’échec délurée. Valentina est plein d’intentions louables, notamment dans son propos sur l’accomplissement de soi et la métamorphose, mais la structure narrative, uniquement focalisée sur l’héroïne et son imagination, passe à côté d’importants rapports aux autres, au-delà de la sphère familiale (évidemment bienveillante). S’il y a métamorphose, elle ne se fait jamais à l’extérieur d’un cocon agréable, d’autant plus que les séquences imaginaires se succèdent.
Vous l’aurez compris, Valentina est une fable naïve qui tisse une des morales les plus essentielles : faire de sa différence une force. Même si le métrage est résolument plus fort sur le fond que sur la forme, le jeune public visé par le récit s’amusera de ces soixante minutes colorées.