A l’occasion de la sortie en vidéo (le 12 avril 2023) du second opus des aventures de Potté, Nathan a pu rencontrer les réalisateurs (Joël Crawford & Januel P. Mercado) de cette entreprise ambitieuse qui a su redonner un second souffle au félin incarné par Antonio Banderas.
Nathan : Comment vivez-vous l’incroyable engouement du public pour ce deuxième opus ? (Après un démarrage modeste en décembre, le film atteint presque les 500 millions de dollars de recettes en fin de course !)
Joël Crawford : Honnêtement, ce fut incroyable. La réception de ce film est allée bien plus loin que ce que nous imaginions. Ce ne sont pas seulement les familles qui apprécient le film mais aussi les adolescents, les vingtenaires, les trentenaires : à vrai dire, nous avons fait ce film pour tout le monde.
Januel P. Mercado : Notre équipe si talentueuse a mis tellement d’elle-même et a travaillé tellement dur que l’amour du public est la plus belle des récompenses.
Nathan : La dimension vidéoludique du film est-elle volontaire (notamment dans son approche de la quête centrale, impulsée par une carte qui se métamorphose) ? Quelles ont été les inspirations alors ?
Joël Crawford : Une question surprenante. Il y a un aspect jeu vidéo avec la carte au coeur de l’histoire pour révéler le chemin de chacun. Mais notre inspiration vient plutôt des choix que l’on fait : on peut être égoïste et ne pas tenir compte des autres en prenant un chemin difficile ou bien l’on peut aimant et précautionneux comme Perrito et la vie devient plus facile en se concentrant sur les autres.
Januel P. Mercado : C’est intéressant que vous parliez de la dimension vidéo-ludique du film même si ce n’est pas conscient. Le fait d’en parler est une révélation car on a grandi avec les jeux vidéos comme Super Mario Bros et nous en sommes nostalgiques. Les enfants d’aujourd’hui aiment toujours autant les avatars, les emojis, les quêtes et les formats RPG : notre film célèbre et s’inspire de cela inconsciemment. Merci d’avoir amené cette piste car c’est une manière intéressante de penser au film.
Nathan : Comment avez-vous pensé la mise en scène entourant l’incroyable loup, antagoniste principal du récit ?
Joël Crawford : Ce qui est intéressant c’est qu’il vient dans le film comme un bandit et il représente la dimension western spaghetti du film. Nous avons toujours aimé le Bon, la Brute et le Truand de Sergio Leone. On a donc choisi une mise en scène adaptée car dans les western spaghetti il y a beaucoup de gros plans et vous retrouverez cela dans notre film.
Januel P. Mercado : On a notamment utilisé ses serpes pour encadrer Potté : cela mettait toujours en valeur la peur de notre héros et exemplifiait le parcours intimidant qu’il traversait. La variation de ces plans de serpe renforçait la dimension biblique et viking du récit. Il y a plusieurs plans où on a l’impression que Potté est jugé : on a l’impression que les serpes sont une balance. Et l’itération la plus intéressante est à la fin du film, lors de la confrontation finale (un plan typique du film de cow-boy) : la serpe l’encadre par le dessus cette fois-ci et il est entouré par les flammes créées par le loup. La bataille finale donne l’impression que Potté est aux portes de l’Enfer et qu’il va affronter le mal absolu.
Joël Crawford : Mais tout ça, pour les enfants ! (Rires) Pour nous, les western spaghetti étaient les premiers films de super-héros. Potté étant un super-héros, il fallait un antagoniste aussi épique que lui. Pour le loup, nous avons donc fait d’intenses recherches.
Januel P. Mercado : Il fallait un antagoniste avec une réelle présence.
Nathan : Le film déploie des thèmes forts au gré de son récit, comme lors d’une scène d’angoisse du personnage principal : ces scènes explicitement fortes ont-elles été difficiles à mettre en scène ?
Joël Crawford : Ces scènes étaient difficiles à imaginer et à construire. Dans la salle d’écriture, nous avions l’impression qu’il manquait quelque chose lors de la première projection du film. C’est une histoire à propos d’un super-héros, le chat Potté, qui a un point de vue invincible sur le monde. Il pense qu’il va vivre pour toujours : le fait de l’amener à embrasser sa vulnérabilité était donc important. Les attaques de panique sont venues quand on parlait de l’importance pour le personnage de ne pas seulement demander de l’aide mais aussi de se retrouver bloqué dans un coin. A ce moment-là, nous avons le chien (Perrito) qui montre que l’entraide et la connexion sont la réponse lorsque l’on se sent impuissant. Et quand le chien met sa tête sur le ventre de Potté, on sent que les mots sont inutiles mais que le chat ne se sent plus seul.
Januel P. Mercado : Il y a toujours des défis quand on réalise un film pour arriver exactement à ce que l’on a en tête dans la préparation du film. Je crois que ce n’était pourtant pas si dur car on était relié à cette scène et avions confiance en la réception du public. Après tout, Joël et moi nous nous sommes confiés au fil de la production et avons pu compter l’un sur l’autre. On n’hésitait pas à se donner des conseils pour avancer mais aussi s’octroyer des pauses.
Joël Crawford : Je crois que tu as raison : on peut ressentir l’expérience humaine car on n’a pas attaqué ce défi d’un point de vue clinique. Au fur et à mesure que la scène progressait à l’écriture, de nombreuses personnes talentueuses ont participé à son éclosion grâce à leurs expériences.
Januel P. Mercado : Une réussite universelle et individuelle, c’est très beau !
Nathan : Quelle est la scène dont vous êtes le plus fiers au final ?
Joël Crawford : C’est difficile, est-ce que tu en as déjà une en tête ? (en s’adressant à son collègue)
Januel P. Mercado : On parle toujours des scènes du loup ou celle de la crise d’angoisse mais cela devient répétitif, alors je dirais… la fin. (En se tournant vers son collègue) Puis-je parler de la fin ?
Joël Crawford : Bien sûr, ils l’ont déjà vu cinq fois et le reverront encore à la maison !
Januel P. Mercado : Ce moment, à la fin, où tout le monde s’assoit et qu’ils prennent finalement le temps de se poser et qu’ils regardent le magnifique feu d’artifices stellaire et qu’ils profitent de la vie. C’est l’objectif de notre film finalement : prenez le temps et appréciez la beauté de la vie !
Joël Crawford : Oui, et ce moment fonctionne et j’en suis fier. Cela fonctionne car tout va très vite tout au long du film : ils pourchassent tous cette magie qu’ils considèrent comme la solution de leurs vies. Ils se focalisent sur l’avenir et ne prêtent pas attention à ce qu’il y a juste devant eux. Cette fin fonctionne grâce à tout ce qui a pu se passer auparavant dans le récit et je dois saluer le travail de notre monteur James Ryan.
Le Chat Potté 2 : la dernière quête sort en DVD & Blu-ray via Universal Pictures France (que nous remercions pour l’interview) et notre critique est toujours consultable en cliquant ici !