(Sortie vidéo) Brisby et le secret de NIMH de Don Bluth

S’il y a bien une oeuvre qui a marqué mon enfance (et celles de tant d’autres enfants des années 80-90) c’est le premier long-métrage de Don Bluth et de ses camarades fraîchement sortis de la firme aux grandes oreilles. En proposant une fable fantastique sur l’exploitation animale, l’équipe créative offre un diamant brut à la noirceur nécessaire et à la puissance émotionnelle implacable. Une oeuvre fondatrice que le distributeur Rimini Editions remet en lumière dans un digipack soigné, faisant suite à trois autres films déjà ressortis pour célébrer le cinéma si atypique des productions Don Bluth. Pour l’occasion, je me replonge non sans nostalgie dans cette adaptation mystique d’un roman de Robert O’Brien

Résumé : Madame Brisby est une souris des champs, veuve de Jonathan Brisby et mère de quatre souriceaux. Lorsque son fils Thimothée tombe malade, elle doit demander de l’aide à ses voisins, d’étranges rats qui cachent un terrible secret.

(c) Metro Goldwyn Mayer

L’histoire de cette mère courage est bien plus qu’un sauvetage. Aventure d’héroïc-fantasy aux aspérités sombres tout autant que réflexion sur les conséquences incontrôlables des expériences sur les animaux, Brisby et le secret de NIMH est une oeuvre absolument fascinante qui subsiste à travers les âges. Combinant à merveille une quête complexe pour l’héroïne, des personnages secondaires plus légers (le corbeau Jérémy !) pour dédramatiser le poids du récit et rencontres fantastiques, le premier long-métrage du studio Don Bluth Productions était une réussite à sa sortie mais l’est toujours autant aujourd’hui. Evocation de son temps, le film ne lésine pas sur les dangers et les mystères pour intriguer ses spectateurs de tous âges : même si la joie n’y règne pas toujours, le film montre aussi aux plus jeunes qu’il y a de l’espoir à quérir dans les périodes sombres… Une fois encore, le film nous rappelle à quel point la production animée à destination du grand public s’est thématiquement aseptisée au XXIème siècle… 

EDITION VIDEO

Nous remercions le distributeur pour la mise à disposition de la très belle édition digipack de cette ressortie tant attendue. Le coffret avec fourreau contient le bluray du film mais aussi le DVD et 5 cartes postales avec photogrammes du long-métrage. Une édition particulièrement soignée, rejoignant les trois éditions déjà sorties pour les films suivants (que nous avions également chroniqués) de Don Bluth Productions : Fievel et le nouveau monde / Charlie, mon héros / Rock-o Rico. Mais à vrai dire, le bijou qu’est Brisby semble avoir fait l’objet d’une plus grande attention encore !

Image & son : il s’agit là d’un transfert manifestement différent de  l’édition précédente distribuée par 20th Century Fox sur laquelle il était difficile de mettre la main ces dernières années (et elle se revendait à prix d’or sur le net). Et force est de constater que le transfert proposé par Rimini Editions est le plus convaincant qui soit sur le marché actuel pour rendre le plus fidèlement possible l’univers sombre et envoutant de l’aventure mystique de Madame Brisby. Exit le grain omniprésent de l’image de l’édition précédente et bienvenue aux couleurs couleurs éclatantes et aux noirs profonds (et ils sont importants tant l’univers bâti par l’équipe créative se refuse à toute édulcoration). Les puristes regretteront sûrement l’aura nostalgique apportée par le grain, mais les détails n’auront jamais été aussi distinguables que dans ce rafraichissement précis du film. C’est simple, je me suis replongé une centième fois avec plaisir dans le film et ai même décelé quelques détails inaperçus lors de mes visionnages précédents.

Du côté du son, vous profiterez de pistes en DTS-HD Master Audio 2.0 (en version originale ou française). Sur les deux pistes, les compositions ensorcelantes de Jerry Goldsmith font mouche, mais le doublage et les dialogues semblent plus clairs sur la piste originale. Mais une chose est sûre : le mysticisme à mi-chemin entre la fascination et l’inquiétude de Brisby et le secret de NIMH trouve ici un écrin de grande qualité. 

(c) Metro Goldwyn Mayer

Interactivités

  • Interview de Xavier Kawa-Topor (27 minutes) : un bonus pertinent qui revient sur la carrière de Don Bluth aux côtés d’un spécialiste du cinéma d’animation que tout fan d’animation connaît bien. Une tradition désormais sur les disques Rimini consacrées au réalisateur américain à l’honneur. Xavier Kawa-Topor revient notamment sur le départ de Bluth de chez Disney et la genèse de Brisby. Il offre également quelques anecdotes de tournage (comme l’absence de droits pour le nom « Frisby » forçant le monteur à transformer les doublages en « Brisby »), anecdotes évoquées par l’artiste en personne dans son autobiographie sortie il y a quelques années sur le sol américain (point de traduction français jusqu’alors). Il est aussi question de l’ampleur musicale des partitions de Jerry Goldsmith qui collent si bien à l’ambiance sombre et poétique du récit. « Il ose ce que Disney n’ose pas », notamment la présence du sang à l’écran. Un bonus passionnant, entrecoupé d’images du film pour illustrer le propos de l’essayiste.
  • Making-of (50 minutes) : une plongée dans la production du film, en compagnie d’une voix off explicative de Don Bluth mais aussi d’une petite Brisby intégrée à l’image comme si elle visitait les locaux de Don Bluth Productions. Un bonus en basse-définition (et les extraits du film font pâle figure) qui mériterait de préciser qui sont les intervenants au fil des coulisses. On y découvre des dessins préparatoires de personnages, des séances de doublage avec les enfants au casting mais aussi des artistes graphiques à l’oeuvre. Il est notamment fort plaisant de voir Don Bluth dessiner à l’écran tout en expliquant aux spectateurs ses intentions créatives. Il s’agit là d’un making of qui prend véritablement le temps de montrer les artistes en pleine création, comme lorsque l’on découvre le travail sur les décors ou les exigences du travail de coloriste (Brisby selon les éclairages : c’est fascinant et ça donne un bel aperçu du travail de titan sur une production animée à la main). Finalement, cette plongée dans les coulisses du film, réalisée à l’époque de la production, est gorgée d’optimisme et d’amour pour l’animation. C’est avec une pointe de nostalgie qu’on l’apprécie en repensant au parcours du combattant qui suivra l’équipe tout au long de leur carrière… Don Bluth Productions n’aura jamais le succès escompté (et mérité).
  • Film-annonce (2min21) en version originale pour parachever une édition très intéressante sur le plan technique.

Enfin une édition digne de ce nom pour un film si important dans l’Histoire du cinéma : premiers pas émancipés d’une équipe née dans les couloirs des studios Disney Animation tout autant qu’oeuvre assumée sur le plan thématique, Brisby et le secret de NIMH est un long-métrage fondateur que l’on redécouvre avec un plaisir indéfectible en 2024.

Merci Rimini ! Quel sera le prochain projet Don Bluth Productions édité par le distributeur ? J’aimerais beaucoup retrouver Poucelina ou Le Troll de Central Park en bluray sur le territoire français !

(c) Metro Goldwyn Mayer

Sortie de l’édition le 24 juillet dans toutes les enseignes habituelles. 

Nourri aux univers animés depuis la découverte de "Kirikou et la sorcière" en 1998, Nathan porte son regard critique et analytique sur l'univers des longs-métrages. Il est rédacteur sur Focus on Animation depuis 2012 et est l'auteur d'un ouvrage somme sur la carrière de Michel Ocelot (chez Third Editions).

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