On avait laissé les contes de la Cité Sanctuaire sur un Arbre à vœux gentiment sympathique mais un brin modeste dans ses ambitions. On caressait alors l’espoir de voir de nettes améliorations dans Le rêve de Daisy, du même réalisateur (Ricard Cusso), il n’en est rien. En délaissant quelque peu le folklore australien (que les contes de cette saga se proposaient de célébrer), ce nouveau long-métrage embarque ses (jeunes) spectateurs dans une compétition sportive dans un film particulièrement anecdotique. Le public cible passera un bon moment, les autres s’ennuieront ferme tant le déroulement de l’histoire est mécanique et l’ambition artistique anémique.
Résumé : Dans ce nouveau conte de la Cité Sanctuaire, où tous les animaux vivent en harmonie, la Cité s’apprête à accueillir « La Coupe du Monde de la Peur » durant laquelle les animaux les plus féroces vont s’affronter dans l’arène. Daisy, une petite quokka incroyablement attachante veut réaliser son rêve le plus cher : gagner ces jeux ! Avec l’aide d’un ancien champion du monde banni de la Cité, elle tentera tout pour surmonter les obstacles et prouver que même l’animal le plus mignon de la Cité peut se révéler effrayant…
Tout commence par un rêve de succès : Daisy sort de son sommeil et constate qu’elle vit toujours auprès de sa famille, au coeur de la plage des quokkas, envahie de touristes. Le montage effréné épouse le goût contemporain du public pour les clips vidéos tout en s’affranchissant de l’univers plus naturel de L’arbre à vœux. En cela, Le rêve de Daisy se distingue pleinement du film précédent de la Cité sanctuaire : dans une mise en scène et une histoire plus modernes, ce nouveau film sait surprendre. Mais est-ce vraiment suffisant et adapté ? Pas vraiment. En tissant une récit d’apprentissage convenu, ce troisième film des contes de la Cité Sanctuaire peine à trouver sa raison d’être même s’il a le mérite de divertir les plus jeunes des spectateurs avec des personnages solaires et des messages bienveillants sur la capacité qu’ont les êtres à se dépasser.
A travers cette fable sur la singularité et l’émancipation du contexte familial, la jeune héroïne s’engage dans une quête étrange. Rêvant de participer à la « coupe du monde de la peur » (qui n’a de peur que le nom), elle rencontre les stars de son enfance, qu’il s’agisse d’un crocodile à la retraite ou d’autres animaux australiens. Le bât blesse lorsque l’on comprend que le scénario n’entrave jamais vraiment la quête de ce personnage aux qualités nombreuses. D’étape en étape, elle progresse dans le tournoi et les rares enjeux s’amenuisent au gré des péripéties. Et alors que l’on pensait que le miracle de la narration était la seule raison lui permettant de franchir tous les obstacles, une attendue séquence d’entraînement surgit, sur d’inévitables guitares électriques en amont de la dernière partie du film. Les parallèles avec la saga Rocky s’accentuent, Daisy étant épaulée par un ancien participant à la coupe du monde qui la fait tant rêver.
Ajoutez à cette paresse narrative une animation perfectible se concentrant sur les personnages, au détriment des paysages bien trop souvent floutés par la faible profondeur de champ, et vous obtenez une nouvelle aventure à peine satisfaisante au pays des kangourous et des quokkas. Le jeune public s’y retrouvera sûrement, d’autant plus que les valeurs véhiculées par l’histoire sont charmantes (à l’image d’un climax altruiste rendant la jeune fille iconique aux yeux de tous), mais cela manque cruellement de personnalité. Pourtant, le projet de ces contes australiens était si alléchant sur le papier…
Au final, Le rêve de Daisy n’accomplit qu’à moitié le rêve de son héroïne. En faisant fi des traditions inspirantes de son pays au profit d’une histoire aseptisée (et trop internationale), le nouveau long-métrage de Ricard Cusso s’enferme dans un niveau de lecture trop restreint. Un bon moment, pour les enfants.
EDITION VIDEO
Le film sera disponible le 5 décembre prochain en DVD via M6 Vidéo (que nous remercions pour la mise à disposition d’une édition). Le disque est disposé dans un boîtier transparent traditionnel. L’absence d’une édition haute-définition se comprend aisément au regard du public ciblé, d’autant plus que cela n’aurait fait qu’exacerber les limites graphiques du projet.
En termes d’image, le DVD est satisfaisant même si le problème d’une animation en dents de scie persiste. Les arrières plans flous entravent régulièrement tout espoir de profiter des décors typiquement australiens. Néanmoins, l’image est efficace dans la mesure de ce qui est possible sur un disque basse-définition. Les nombreuses couleurs sont fidèlement traitées et rendent la séance plutôt agréable à découvrir.
Du côté du son, deux pistes Dolby Audio 5.1 sont disponibles, l’une d’entre elles étant en version originale sous-titrée (c’est assez rare pour être souligné). Les deux pistes comportent des basses de qualité et c’est tant mieux car l’aventure est au rendez-vous !
Enfin, on déplore l’absence de bonus sur le disque… Pour en savoir plus sur la confection du film et des contes de la cité sanctuaire, il faudrait glaner des vidéos sur le net !