(Sortie vidéo) Les As de la jungle 2 : Opération tour du monde de Laurent Bru, Yannick Moulin & Benoit Somville

Après une première aventure réjouissante mais finalement un peu convenue dans sa narration, Les As de la jungle rempilent pour une odyssée à travers le monde. Et force est de constater que les enjeux ont été revus à la hausse, tout comme l’humour proposé par cette joyeuse bande de sauveurs délicieusement déjantés ! Les As de la jungle 2 est un divertissement emballant débordant d’aventure, d’humour et de bons sentiments, dans la droite lignée des œuvres désormais populaires des studios TAT que nous suivons depuis leurs débuts. Que de chemin parcouru depuis les premières apparitions télévisées des As !

Résumé : Qui appelle-t-on à la rescousse quand un mystérieux super-vilain recouvre la jungle d’une mousse rose qui explose au contact de l’eau ? Les As de la Jungle ! Moins d’un mois avant la saison des pluies, la course contre la montre est lancée. Du Pôle Nord à l’Extrême-Orient, traversant des montagnes, des déserts et des océans, nos héros vont devoir parcourir le monde à la recherche d’un antidote, loin de leur jungle favorite !

(c) TAT Productions / SND

Pour s’assurer une forme de nouveauté, les équipes créatives ont décidé de lancer les animaux aux quatre coins du globe. L’occasion rêvée pour les artistes de nous émerveiller avec des décors diversifiés (on passe d’une calotte glaciaire au désert égyptien) et de nouveaux personnages et/ou figurants délurés dont ils ont le secret. Qu’il s’agisse des prénoms traditionnels contrastant avec les espèces qui les portent jusqu’aux accents impayables entonnés par les personnages (difficile de retenir son sérieux face aux lapins québécois ou aux blaireaux incompréhensibles en France), l’humour fait mouche ! Les références abondent, les clins d’oeil parodiques pleuvent et les rires s’accumulent : preuve parmi tant d’autres, la séquence du « Cercle sacré qui pue » en France est pittoresque à souhait tout en rappelant l’humour caractéristique de la franchise Astérix. L’humour TAT n’est jamais aussi savoureux que lorsqu’il fait preuve d’un regard distancié et satirique sur ce qu’il raconte. On repense aussi avec amusement à la séquence dans un ascenseur fantaisiste qui frôle le noyau au centre de la Terre, dynamisé par une musique mécanique astucieuse.

Les efforts cartoonesques et les blagues à double-sens permettent à une histoire quelque peu convenue (même si plus surprenante que celle du premier film) de maintenir toute l’attention de son public. Une fois encore, Maurice, Gilbert, Batricia et les autres doivent déjouer le plan machiavélique d’un être égoïste pour l’empêcher de réduire à néant leur jungle luxuriante. On se rend compte alors qu’on regarde plus les As de la jungle pour tout ce qui entoure son récit que pour son histoire en elle-même. C’est aussi la magie du doublage qui donne corps à ces personnages parfaitement caractérisés. Chacun d’entre eux a sa place et participe à la réussite de la mission de sauvetage, même si l’on regrette parfois la grande présence de Miguel, personnage unilatéralement tourné vers le jeune public. La qualité de l’animation 3D participe aussi au charme de cette entreprise cinématographique : objectivement, Les As de la jungle 2 est le plus beau des films du studio à ce jour. Nous pouvons être fiers des talents que compte notre pays !

(c) TAT Productions / SND

La réussite tient aussi à l’attachement à ces personnages pétris d’émotions via des fils narratifs plus touchants. L’apparition de nouveaux personnages, qui se détachent de l’humour permanent des têtes d’affiche, et de flash-backs lourds de sens, constitue le fil rouge émotionnel du métrage. Camélia et son père Albert se taillent déjà une place de choix dans l’univers d’une franchise qui ne faiblit pas. Si l’ont rit beaucoup dans cet As de la jungle 2, l’émotion incarnée par Camélia, jeune animale amputée d’un bras mais débrouillarde, finit de nous persuader des qualités du film. Pour parachever le tout, le long-métrage glisse quelques petits clins d’oeil à l’art cinématographique au gré de projections artisanales en cours d’histoire.

En somme, Les As de la jungle 2 est le parfait divertissement à partager en famille. Avec sincérité et engagement, la seconde aventure des sauveteurs sauvages ne révolutionne en rien le genre mais retrouve avec joie ses personnages haut en couleur. Une chose est sûre, on ne serait pas contre un troisième long-métrage tant ces personnages et leurs aventures conquièrent les coeurs de tous.

(c) TAT Productions / SND

EDITION VIDEO

S’il est évident que l’on regrette l’absence d’une édition haute-définition (le premier film y avait eu droit mais les ventes, probablement jugées insuffisantes par l’éditeur, ont signé le glas de nos espoirs), cette édition DVD propose tout de même une image décente qui restitue plutôt bien les différentes ambiances que compte le film (de la verdoyante jungle des As jusqu’à l’austérité de la secte fromagère en France). Le transfert fait au mieux, mais on se prend à rêver d’une édition plus affirmée et ciselée pour rendre hommage au talent des artistes à l’oeuvre sur cette enthousiasmante aventure. Le disque HD du premier film était de toute beauté et permettait à la jungle de resplendir !

Du côté du son, deux pistes sont proposées en Dolby-Audio 5.1, l’une d’entre elles étant une piste en audiodescription. Il faut également compter sur la présence de sous-titres sourds et/ou malentendants pour compléter ce panorama.

Nous remercions Dark Star Presse pour la mise à disposition d’un disque du film.

Enfin, le DVD contient un passionnant making-of d’une heure (rien que ça!) : cela devient tellement rare d’avoir droit à des véritables plongées dans les coulisses de création des films que l’on ne peut qu’apprécier ce conséquent making-of. Les réalisateurs du projet nous emmènent dans les différentes étapes de réalisation du projet (de janvier 2022 à juillet 2023 pour la sortie du film en salles), qu’il s’agisse de la modélisation des accessoires, des décors, des personnages, ou de l’enregistrement des voix, c’est parfaitement instructif ! L’idée n’est pas de « vendre » le film mais bel et bien de nous permettre d’entrapercevoir des bribes de réunions ayant bâti le film que l’on connaît désormais. Les intentions du film sont questionnées mais ce making-of est aussi un focus sur les réalités d’une production de long-métrage, notamment grâce aux interventions éclairées des réalisateurs passionnés. Chaque détail compte (notamment dans les mouvements de bras de Bob lors de la scène où il projette un film avec son acolyte). Les trois quarts du bonus sont consacrés à l’animation du film : c’est si rare qu’il faut le souligner. On cerne pleinement le rôle majeur de réalisateur sur un tel projet puisqu’il doit toujours maintenir son enthousiasme au gré des départements qui travaillent sur le film : compositing, doublage, musique, etc. Bref, cet unique bonus est un exemple à suivre.

Editeurs de disques, prenez-en de la graine !

En DVD le 14 décembre via M6 Vidéo.

Nourri aux univers animés depuis la découverte de "Kirikou et la sorcière" en 1998, Nathan porte son regard critique et analytique sur l'univers des longs-métrages. Il est rédacteur sur Focus on Animation depuis 2012 et est l'auteur d'un ouvrage somme sur la carrière de Michel Ocelot (chez Third Editions).

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