Attention ! Cet avis est construit par un néophyte de l’univers Miraculous qui n’a découvert Marinette et Adrien qu’à travers le long-métrage (soft reboot ?) de Jérémy Zag. Profitant de la Fête du cinéma en juillet dernier, je me suis glissé dans une salle obscure bondée pour découvrir ce qui se cachait derrière l’un des films les plus chers du cinéma français (rien que ça!) Comédie musicale à la française, Miraculous : le film se rêvait en modèle du genre, il n’en restera qu’un honnête divertissement. Une intéressante porte d’entrée vers un univers qui le dépasse mais qui aura eu le mérite de m’intriguer sans pour autant dissimuler d’importantes paresses créatives.
Résumé : La super-héroïne, qui a conquis le cœur de millions de fans à travers le monde, débarque pour la première fois au cinéma ! Ladybug va devoir unir ses forces avec Chat Noir, le charismatique justicier masqué qui n’a pas sa langue dans sa poche, pour affronter le Papillon et sa horde de super-vilains, alors que ceux-ci menacent de détruire Paris. Mais, alors que les deux héros se rapprochent, Marinette ignore que derrière son mystérieux complice se cache Adrien, le camarade de classe dont elle est amoureuse…
Miraculeux, le succès de la franchise jeunesse l’est assurément. A mi-chemin entre l’aventure super-héroïque et la romance pour adolescents, l’univers imaginé par Thomas Astruc se renouvelle ici dans une origin story musicale. Un comble lorsque l’on comprend dès le début que les chansons parcourant le film sont modérément réussies alors qu’elles constituaient l’une de ses raisons d’être. Musicalement, le long-métrage se cherche (beaucoup) avec des compositions intéressantes mais des interprétations mesurées qui creusent les questionnements (amoureux) de ces personnages animés. En va-t-il de même en VO ? Rappelons que le film a d’abord été pensé pour la langue de Shakespeare… avant d’être traduit en français !
Mais au-delà du parti pris disneyien d’un musical, l’histoire de Miraculous demeure palpitante à souhait. Convoquant les poncifs du genre, du contexte scolaire aux acolytes drolatiques, le film de Jeremy Zag foisonne d’élans héroïques et d’humour pour toute la famille. L’affirmation de Marinette se suit avec plaisir et les personnages secondaires trouvent cherchent leur place dans cette entreprise française. En effet, la force du film est aussi sa faiblesse : à l’exception des protagonistes qui se partagent l’affiche et nous touchent, les personnages se réduisent à des fonctions narratives : les parents de l’héroïne, les amis de l’école, les subalternes de l’ennemi torturé, entre autres.
C’est avant tout dans la mise en valeur du patrimoine français que le film s’émancipe quelque peu des productions américaines et trouve son ton. Entre académisme et modernité, la capitale resplendit et devient le terrain de jeux d’une aventure enthousiasmante. La ville lumière est délicieusement idéalisée et ses monuments historiques sont autant de théâtres possibles pour des scènes d’action virevoltantes. L’important budget alloué au film se voit (même si la direction artistique méritait une plus grande prise de risques) et les ambiances chaleureuses traduisent les sentiments naissants d’un jeune couple emblématique du petit écran.
L’histoire va vite (peut-être trop ?) mais se risque là où la série peine à aller pour mieux durer, notamment dans une ultime séquence emplie de promesses. La suite verra-t-elle le jour ? Pour cela, il faut espérer que le projet a été vendu pour un très bon prix au géant Netflix car le box-office mondial n’aura pas permis de rembourser le gigantesque budget du projet à lui seul ! Mais que l’on ne s’inquiète pas, si la suite ne voit pas le jour, nous pourrons toujours (re)découvrir la série qui compte désormais cinq saisons !
En somme, Miraculous : le film est une agréable porte d’entrée vers un univers qui le dépasse. S’il ne dépasse jamais son statut d’honnête divertissement moulé dans les conventions hollywoodiennes, Miraculous a pour lui son apparat parisien lui conférant un attrait rassurant (quitte à le trahir en expédiant ses enjeux ?)
EDITION VIDEO
L’éditeur vidéo a mis les petits plats dans les grands avec une multitude d’éditions (auxquelles il faut ajouter des éditions spécifiques aux enseignes commerciales comme Leclerc ou Amazon) : DVD, Bluray, coffret collector, il y en a pour tous les goûts ! Nous remercions M6 Vidéo pour la mise à disposition de l’édition haute-définition du long-métrage apprécié en salles. Edition haute-définition qui comporte un fourreau, exacerbant tout le soin apporté à cette sortie vidéo.
L’image proposée par le bluray est de toute beauté. Elle flatte la rétine par une animation de qualité tout en mettant en valeur les choix opérés par l’équipe créative (et les menus défauts) du métrage sur le plan graphique : Paris y resplendit plus que jamais, notamment dans la première chanson de Marinette au début du film. Entre nostalgie et modernité, la capitale française est exposée au monde dans une aventure super-héroïque « à l’américaine ». Les noirs sont profonds et l’absence d’une édition 4K se fait finalement moins ressentir car l’image proposée est des plus précises (notamment dans les scènes de foule).
Du côté du son, trois pistes françaises sont disponibles sur le disque français : 5.1 DTS-HD Master Audio (un son bien spatialisé et un son surround bien utilisé pour nous plonger dans les ambiances du film) ou 2.0 DTS-HD Master Audio. Une fois encore, les voix des chanteurs sont en retrait lors des chansons, c’est à se demander ce qui a bien pu se passer lors du mixage sonore du film (ou du doublage des titres musicaux ?)
Une piste en audio-description s’ajoute à ces deux premières alternatives, mais également un choix de sous-titres pour les spectateurs sourds ou malentendants.
Quant aux bonus, ils ne sont pas nombreux mais ils ont le mérite d’approfondir efficacement la découverte du film en se complétant l’un l’autre :
Making-of (20 minutes) : l’avant-première au Grand Rex et des interventions de Jérémy Zag introduisent ce court mais instructif making-of. On y découvre notamment les influences du réalisateur : entre films Disney et aventures super-héroïques hollywoodiennes. L’entretien avec l’artiste est entrecoupé de scènes du film, comme le veut la tradition. On entrevoit aussi quelques sessions de travail, ce qui permet de cerner les exigences du réalisateur, notamment en ce qui concerne la durée du film. Il est vrai qu’une forme d’orgueil ressort de ce making-of, mais chaque artiste n’est-il pas épris de vanité ? On apprend que les chansons ont été enregistrées en amont de la création du film car elles étaient pensées pour une comédie musicale à l’origine. Mais finalement, à trop vouloir faire un film à l’américaine, Miraculous perd-il pas son identité propre ? « Donner une dimension hollywoodienne à Paris », était-ce nécessaire ?
Scènes coupées (11 minutes) en version originale sous-titrée :
- Gabriel découvre le Miraculous du Papillon noir, Nooroo (modélisée mais non texturée) : elle sur-explique un peu trop, on peut donc comprendre pourquoi elle a été retirée.
- Nino remonte le moral d’Adrien (version finalisée) : la rencontre entre les deux amis qui met davantage en contexte leur relation.
- Marinette attristée après un rejet de camarades de classe (version finalisée, sans étalonnage) : une scène anecdotique et furtive qui n’avait donc pas grand intérêt dans le montage final.
- Marinette et Adrien deviennent amis (version finalisée avec quelques plans seulement modélisés) : une rencontre intéressante, mais redondante ?
- Adrien rencontre Plagg (version finalisée) : scène redondante.
- Hawkmoth envoie un second akuma (version finalisée) : furtive et peu utile.
- Amis aux Tuileries (version finalisée avec quelques plans seulement modélisés) : une discussion entre amis qui rappelle ce que l’on a déjà vu.
- Gabriel est prêt à tout mais Nooroo le met en garde (version finalisée) : on approfondit un peu plus l’antagoniste, cette scène aurait été intéressante à insérer dans le montage final.
- Marinette doute (version finalisée) : le propos du récit n’est pas enrichit mais les plans du coucher de soleil sont resplendissants. Cette scène aurait eu toute sa place dans le film, d’autant plus qu’elle n’est pas très longue.
Vous l’aurez compris, Miraculous : le film a su m’emporter, malgré d’importants défauts. L’édition vidéo concoctée par M6 Vidéo honore parfaitement le soin apporté à l’imagerie du film et à la transposition au long cours d’un phénomène qui ne cesse de durer !