(Sortie vidéo) Mortal Kombat : Battle of the Realms d’Ethan Spaulding

Décidément, Mortal Kombat est un univers qui a le vent en poupe après un film en prises de vues réelles (franchement décevant parce qu’il peine à s’extirper d’un scénario mollasson d’autant plus qu’il ne peut compter sur des interprètes peu inspirés pour y parvenir) et un premier film animé sanglant, Scorpion’s Revenge. Suite directe de ce dernier, Battle of the Realms condense tous les défauts et les qualités de l’univers vidéoludique à la différence près qu’un jeu vidéo n’est pas toujours construit sur les mêmes fondements qu’un film. Les aficionados se délecteront des litres de sang versés au cours de l’intrigue tandis que les plus réfractaires se lasseront d’un univers dépourvu de réelles surprises narratives. Véritable plaisir coupable ou œuvre pétrie de défauts ?

Résumé : Nouveau film d’animation qui fait suite à Mortal Kombat Legends : Scorpion’s Revenge, le tournoi Mortal Kombat déterminera le sort de tous les royaumes.

(c) Warner Bros Animation

La scène d’introduction nous (re)met dans le bain sans perdre de temps : mettant en scène le meurtre d’un couple voulant sauver son bébé, la mise en scène nous offre déjà son lot d’éléments gores comme pour annoncer que le film ne lésinera pas sur la violence graphique (et qu’il ne doit pas être mis devant tous les yeux). Des litres de sang pour un millilitre de scénario ? Les amateurs d’action seront aux anges tandis que les férus d’histoires émouvantes stratégiquement construites s’ennuieront gentiment. Mortal Kombat : Battle of the realms est une adaptation efficace de la saga vidéoludique qui ne parvient pourtant pas à dépasser le postulat un brin redondant du matériau d’origine. Après tout, Mortal Kombat est un jeu de combat en un contre un…

Eternel recommencement, l’univers des combattants fantasques ne lésine pas sur les scènes brutales et les mises à mort sanglantes pour abreuver son public (les « Fatality » du jeu sont au rendez-vous avec certaines itérations très gores, n’est-ce pas Johnny Cage ?). Jax, Raiden, Shao Kahn, Sonya Blade et tant d’autres encore se battent pour l’avenir de la planète dans un outre-monde un brin redondant. Pour faute, un budget obligatoirement limité qui contraint les personnages et les intrigues à visiter des décors trop vides. On pense notamment à la quête secondaire de Scorpion, offrant heureusement un souffle salvateur à côté des nombreux combats de l’intrigue principale, qui parcourt des lieux anecdotiques aux personnages psychologiquement peu développés.

(c) Warner Bros Animation

Direct-to-video oblige, Mortal Kombat : Battle of the realms repose sur des mécaniques de réalisation convenues qui amoindrissent l’intérêt créatif de l’animation. Le film comporte son lot de zooms excessifs et de travellings latéraux ralentis pour créer un dynamisme globalement absent des dialogues stéréotypés. Tout cet imbroglio narratif s’achève finalement dans une tempête de feu et de sang au cours d’un combat titanesque aux accents divins. Le scénario va vite tout en nous perdant beaucoup sans forcément raconter beaucoup de choses signifiantes. Clairement, le film s’adresse avant tout aux fans du genre (d’autant plus qu’ils savent dans quoi ils s’embarquent).

Finalement, Mortal Kombat : Battle of the realms n’est pas la surprise escomptée. Hémoglobine, intrigue rachitique et personnages exempt de dimension psychologique : l’adaptation est efficace mais cela en fait-il pour autant un film prenant ? Pas vraiment… A conseiller (exclusivement) aux amateurs de films décérébrés (mais le plaisir coupable est au rendez-vous!)

EDITION VIDEO

L’éditeur Warner Home Média nous a fait parvenir l’édition ultra haute-définition du film (dans un boîtier amaray, mais il semblerait qu’une édition steelbook soit également disponible sur le sol américain).

Comme de coutume, nous avons visionné le film sur un écran OLED 4K. 

(c) Warner Bros Animation

Image & son : c’était prévisible (mais bienvenue), l’image est d’une qualité de haut vol malgré les défauts originels de l’animation. L’image profite de noirs profonds et de couleurs saturées (notamment lors du combat titanesque clôturant le récit) grâce au HDR convaincant du transfert 4K. Mais l’image peut aussi avoir les défauts de ses qualités : fréquemment pertinente, l’image met en exergue les limites de l’animation du film, à l’image des « spectateurs » dans l’arène, relégués à l’état d’ombres floutées en arrière-plan alors qu’ils interviennent souvent pour composer le décorum des combats.

Du côté du son, le distributeur vidéo nous sert la même recette que les productions DC Comics direct-to-video : une piste Dolby Audio 5.1 en VF et une piste DT-HD Master Audio 5.1 en VO. Sans surprises, la piste originale se révèle plus ample et puissante mais l’on ne peut que souligner l’excellent casting vocal de la version française.

Interactivités : tous les bonus sont disponibles sur le disque haute-définition, disponible avec le disque 4K dans l’édition.

  • Le dieu et le dragon : bataille pour le Terre (7min) : courte featurette revenant sur le combat épique du film, parachevé dans une lutte finale gigantesque. Intéressant, mais un peu court pour pleinement entrer dans le coeur du sujet d’autant plus que les interventions des créateurs sont entrecoupées d’extraits filmiques.
  • Voix de Kombat (8min30) : une featurette au cours de laquelle le réalisateur exprime son travail avec les doubleurs. Sympathique.
  • Kombat Gags : bêtisier (4min) : un bonus anecdotique puisqu’il met surtout en scène les voix qui s’amusent, à l’image de l’acteur Joël McHale.
  • Commentaire audio : un bonus toujours passionnant malheureusement dépourvu de sous-titres français !

A la différence des sorties DC Comics animées, les combattants du Mortal Kombat ont droit à une édition 4K sur le sol français. L’image est magnifique mais elle met paradoxalement en exergue les nombreux défauts d’une animation un brin sommaire (due aux budgets alloués à ces productions pensées pour une sortie exclusive en vidéo). Que l’heure des combats sans pitié commence !

Nourri aux univers animés depuis la découverte de "Kirikou et la sorcière" en 1998, Nathan porte son regard critique et analytique sur l'univers des longs-métrages. Il est rédacteur sur Focus on Animation depuis 2012 et est l'auteur d'un ouvrage somme sur la carrière de Michel Ocelot (chez Third Editions).

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