(Sortie vidéo) Scooby-Doo et la mission d’Halloween d’Audie Harrison

Les années se suivent et les sorties en direct-to-video de nouvelles aventures du Scooby-gang s’enchaînent à un rythme ordonné. Fait rare, Scooby-Doo et la mission d’Halloween se démarque des autres en approfondissant (modérément) ses personnages mais aussi son lore en rendant hommage aux premières aventures de ces personnages inscrits dans la pop culture. Pour mettre en image cet énième long-métrage, on retrouve un scénariste et producteur, Audie Harrison, qui semble scrupuleusement suivre le cahier des charges d’une franchise désormais bien rodée.

Résumé : C’est Halloween et un nouvel ennemi mystérieux veut se venger de Mystery, Inc. Ils vont maintenant devoir faire équipe avec leur ennemi juré – le cerveau maléfique qui se cache derrière tous les costumes de l’histoire de Scooby-Doo – pour résoudre ce mystère macabre. Avec ce nouvel allié imprévisible, Scooby et ses amis apprendront de nouveaux tours effrayants et revêtiront même les costumes de leurs plus célèbres ennemis pour sauver la situation en cette nuit spéciale d’Halloween.

(c) Warner Bros

Les réseaux sociaux ayant fait leur affaire, vous n’êtes sûrement pas passés à côté de la révélation majeure de ce nouveau film : Vera (Velma en VO) est attirée par une femme ! Ce qui n’est qu’un détail dans l’intrigue a finalement constitué l’impulsion principale de la promotion auprès du public. Amourachée d’une costumière de talent portant le nom évocateur de Coco Diablo, l’enquêtrice en pince pour une antagoniste majeure dans la franchise puisqu’elle révèle s’être chargée des principaux costumes des ennemis du Scooby-gang (dont celui du Chevalier noir, premier homme démasqué en 1969 lors du lancement de la série sur CBS). En dévoilant l’identité d’un ennemi tirant les ficelles dans l’ombre, le film d’Audie Harrison justifie son existence et éveille l’intérêt d’un public parfois lassé des enquêtes sans lendemain.

Mais Scooby-doo et la mission d’Halloween va encore plus loin qu’un choix savoureux d’antagoniste puisqu’il s’amuse constamment de ses propres mécaniques, qu’il s’agisse de gags visuels traditionnels ou de réflexions méta prononcées par des personnages conscients de n’être que des êtres fictifs (Scooby souligne que « le film porte (son) nom » tandis qu’un autre membre de l’équipe précise qu’ils sont « dans un programme jeunesse ».) Ce mélange de conventions et de modernité instaure un climat original qui cueille le public et le plonge dans une enquête aux enjeux nouveaux. Réduits à résoudre des problèmes d’une banalité lénifiante dans le générique titre (après l’emprisonnement d’un grand antagoniste), ces amis avides de mystère comprennent qu’ils ne peuvent exister sans enquête : plus qu’une mission, c’est une nécessité existentielle (et scénaristique) dont ils ne peuvent se départir. Sous ses airs d’aventure traditionnelle à bord de la Mystery Machine, ce nouveau long-métrage a manifestement le mérite de s’auto-considérer.

(c) Warner Bros

Graphiquement, le modeste budget se ressent dans l’absence de diversité des décors mais l’aura cartoonesque de l’histoire et des personnages permet toutes les excentricités. Si les poncifs de la franchise sont respectés (comme ces courses-poursuites en travelling), d’autres scènes n’hésitent pas à déformer les personnages pour générer le rire. Le film regorge de gags visuels dont la série a le secret depuis des décennies désormais. Les personnages sont fidèles à eux-mêmes : Sammy et Scooby sont toujours aussi gourmands, Fred endosse encore et toujours le rôle du meneur et Daphné cherche son utilité au sein du groupe.

Certes, Scooby-doo et la mission d’Halloween est une énième dérivation des centaines d’enquêtes déjà menées par le gang d’amis mais les fans auraient tort de louper ce nouveau mystère ! Mettant nos cinq compères au centre de l’intrigue tout en s’amusant de leur passé commun, le film d’Audie Harrison réjouit et propose un récit hommage des plus réussis. Et ne passez pas à côté de l’importante scène post-générique qui s’inscrit dans une tradition ironique désormais bien ancrée.

EDITION VIDEO

Comme depuis plusieurs années désormais, les direct-to-video de la saga Scooby-Doo sont privés de sortie en haute-définition, vous découvrirez donc seulement ce film en DVD (mais c’est un plaisir que le support physique perdure !) Nous remercions l’éditeur Warner Bros France pour l’envoi de l’édition que nous avons testé sur un écran OLED LG et un système 5.1.

Image & son : un bon transfert vidéo qui ne manque pas de couleurs et de mordant même si les textures ne sont pas toujours éloquentes a cause de l’image basse définition. On apprécie également le jeu sur les lumières qui donne de l’épaisseur à une histoire plus intime qui mène nos héros du mystère à l’introspection, d’autant plus qu’ils affrontent des copies zombifiées de leur équipe !

Du côté du son, ce sont des pistes Dolby Audio 5.1 qui sont proposées sur le disque. On y retrouve les voix françaises habituelles qui collent définitivement à la peau de ces « adulescents » enthousiastes. Que vous soyez attachés à ces voix ou que vous préfériez le casting original, vous êtes assurés de passer une bonne séance.

(c) Warner Bros

Interactivités : c’est une habitude pour les sorties vidéos Warner Bros France : en lieu et place de vidéos making-of ou de focalisations sur les coulisses de création du film proposé sur le disque, l’éditeur insère trois épisodes de séries (et elles sont nombreuses pour Scooby-Doo). Au programme, un épisode de la série Trop cool Scooby-Doo diffusée entre 2015 et 2018 et deux épisodes plus classiques de la série Scooby-Doo Show diffusée en 1976.

  • Trop cool Scooby Doo « El Bandito »
  • Scooby-Doo Show : La chasse aux sorcières
  • Scooby-Doo Show : Le Cavalier sans tête

Amateurs du Scooby-gang, Scooby-Doo et la mission d’Halloween vous plaira assurément (à moins que vous ne soyez échaudés par quelques choix progressistes dans le film), d’autant plus que le lore de la franchise est célébré avec bonhomie dans une histoire introspective qui fera sourire les plus fidèles spectateurs.

Nourri aux univers animés depuis la découverte de "Kirikou et la sorcière" en 1998, Nathan porte son regard critique et analytique sur l'univers des longs-métrages. Il est rédacteur sur Focus on Animation depuis 2012 et est l'auteur d'un ouvrage somme sur la carrière de Michel Ocelot (chez Third Editions).

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