Difficile de croire qu’un tel projet ait pu avoir l’aval des exécutifs. A l’origine, Spirit est un film d’animation à l’émotion pure qui a su toucher toutes les générations en 2002, et tout aurait dû en rester là. C’était sans compter l’accord entre un Netflix émergeant et les studios DreamWorks Animation pour la création de séries dérivées de leurs films. C’est ainsi que Spirit Riding Free est née en 2017 pour un résultat très ciblé (les amateurs d’aventures équestres). À quel moment se sont-ils dit qu’une adaptation de la série en question sur grand écran pourrait se révéler commercialement bénéfique ? Sans surprise, le film n’a pas connu les faveurs du public malgré un récit loin d’être déplaisant sur lequel nous vous proposons de revenir pour célébrer la sortie en vidéo du film le 1er décembre prochain.
Résumé : le film met en scène la rencontre entre une jeune fille rebelle en manque de repères et l’étalon sauvage, en qui elle trouvera une âme sœur et une véritable inspiration.
Oubliez la quête emplie de liberté du premier film sur l’étalon des plaines et accueillez une aventure plus enfantine mêlant aventure et émotion. Lucky, jeune fille en quête d’une place dans sa famille en rejoignant son père dans le Grand Ouest américain, s’éprend des grands espaces typiques tout en repensant avec émotion aux instants partagés avec sa mère disparue. Se liant d’amitié avec des jeunes filles du village dans lequel elle déménage, la jeune fille se révèle pleine de fougue et se prend d’affection pour le fameux Spirit (qui n’a plus grand chose à voir avec celui du premier film si ce n’est son apparence). Dans la pure tradition des films de western dont le film est un hommage modeste, les séquences traditionnelles jalonnent le scénario : on ne peut alors se départir d’une course-poursuite aux côtés d’un train filant à toute vitesse (pour notre plus grand plaisir !)
Si les personnages sont attachants et le récit dynamique, le scénario n’en demeure pas moins cousu de fil blanc sans qu’une once du « style » DreamWorks s’immisce (le goût très prononcé pour les blagues potaches ou les bifurcations narratives délurées). Sur le plan graphique, Spirit l’indomptable est un joli film aux décors soignés et aux lumières tamisées renforçant l’apparat nostalgique de l’histoire. L’animation peut parfois se révéler perfectible (notamment en termes de texture) et l’on a connu les studios DreamWorks Animation plus méthodiques mais tout cela ne gâche en rien le plaisir ressenti par les jeunes spectateurs ciblés par le film, d’autant plus que la mise en scène est charmante.
Au final, Spirit l’indomptable est un récit calibré pour un jeune public désireux de découvrir l’esprit d’aventure américain. Le long-métrage prend mêmes des accents émouvants en certains instants (puisqu’il donne de la place à ses personnages) mais le divertissement peine à s’emparer du coeur d’un public plus adulte. Aussitôt vu, aussitôt oublié… Quitte à choisir, on préfèrera l’ampleur émotionnelle et graphique du premier film que l’on ne peut oublier, des années après sa sortie.
EDITION VIDEO
L’éditeur Universal Pictures France nous a fait parvenir l’édition haute-définition du film (dans un boîtier amaray). Mais le film est également disponible en DVD, le support restant (malheureusement), le premier acteur du marché physique en France. A noter qu’Universal sort normalement une édition ultra haute-définition pour ses productions DreamWorks Animation mais le public du film étant très ciblé, le choix a été fait de passer outre cette option.
Comme de coutume, nous avons visionné le film sur un écran OLED 4K.
Image & Son : autant le dire tout de suite, le master vidéo proposé sur ce disque haute-définition s’incarne dans une image très nette (l’absence de disque 4K ne se fait donc pas ressentir) avec des couleurs vives (parfois trop ? A titre d’exemple, l’herbe peine à être réaliste puisqu’elle est réalisée par ordinateur). Le disque a le défaut de ses qualités : les défauts se voient trop clairement mais il serait dommage de bouder son plaisir face à une vidéo aussi charmante.
Du côté du son, Universal Pictures France nous offre toujours un travail soigné et des pistes multilingues décentes. C’est encore le cas avec une piste DTS-HD Master Audio 7.1 en version originale mais également une piste française haute-définition qui s’en tire avec les honneurs sur 7 enceintes (DTS-HD High-Resolution 7.1). Tous les éditeurs n’offrent pas une piste HD aux versions françaises, il faut donc saluer le choix opéré par l’éditeur vidéo pour contenter ses clients français.
Interactivités : comme d’habitude, l’éditeur vidéo nous régale avec une bonne dose de featurettes en lien avec le film proposé sur le disque. Tous les fans du long-métrage se délecteront de ces bonus à l’intérêt variable mais à la diversité indéniable.
- A la recherche de soi (9min20) : l’équipe créative (co-scénariste, réalisateurs, acteurs, etc.) revient sur les intentions du film et notamment la dimension aventureuse du film. C’est également l’occasion de revenir sur la relation entre Lucky, sa mère et Spirit.
- Home on the range (3min20) : McKenna Grace propose de chanter avec elle un titre du film en karaoké. C’est une vidéo dispensable mais qui pourrait plaire au public cible (anglophone ?)
- Prépare des S’mores (2min15) : petit tutoriel pour faire des marshmallows chocolatés comme dans le film.
- Scènes coupées (7min03) en story-boards ou animatiques, présentées par l’équipe créative du film (Elaine Bogan – réalisatrice / Ennio Torresan – co-réalisateur / Karen Foster – productrice / Daniel Tal – story-boardeur : Lancement de campagne (version longue) dans le manoir du grand-père de Lucky / Bulles / La ruée des Wapitis. On comprend assez aisément pourquoi ces scènes n’ont pas été retenues parce qu’elles n’impactent pas le bon déroulement du récit, mais il est toujours appréciable de les découvrir, d’autant plus que l’équipe créative justifie leur absence avec cohérence.
- Derrière les voix : les acteurs (9min59) : featurette sur les voix originales du film (Isabela Marced – Lucky / Marsai Martin – Prudence / McKenna Grace – Abigail et tant d’autres encore) et l’énergie apportée par les doubleurs du film. Les uns après les autres, les interprètes développent les caractères de leurs personnages respectifs. Un bonus forcément intéressant.
- Les cow-girls assurent (4min16) : retour sur l’alchimie entre les trois jeunes filles se lançant dans l’aventure au cours du film. L’équipe créative revient sur la relation entre les trois aventurières : l’occasion est toute trouvée pour aborder l’importance de la solidarité dans le film.
- Dessiner Spirit (15min36) : comment dessiner les personnages de la saga ? Wendy Sullivan est une story artist sur le film et elle invite les téléspectateurs à la recréation graphique des personnages, en commençant par l’héroïne Lucky. Pas à pas, en suivant son travail, on peut s’initier à l’art du dessin. Un bonus essentiel pour aborder un film d’animation ! A présent, vous n’avez plus d’excuse pour ne pas savoir dessiner un cheval.
- Tutos : plusieurs vidéos à courte durée qui nous proposent de réaliser des ateliers créatifs en lien avec le film : faire un feu de camp (artificiel), fabriquer un ukulélé en carton, jouer avec les ombres ou même fabriquer un zootrope nous ramenant aux origines du cinéma d’animation. Une jolie proposition qui pourrait déclencher de beaux moments en famille.
- Karaoke (6min) : quatre titres peuvent être chantés en VF ou Vostfr : Home on the range, Fearless ou You Belong.
- Commentaire audio du film avec Elaine Bogan (réalisatrice), Ennio Torresan (co-réalisateur), et Karen Foster (productrice) : une diversité de postes créatifs qui nourrit les remarques faites tout au long de la redécouverte filmique. Un bonus qui parachève une édition qui s’adresse à tous les publics !
En conclusion, si Spirit l’indomptable a eu beaucoup de mal à trouver son public lors de sa sortie en salles, il pourrait se rattraper avec une édition vidéo fournie et soignée qui met en avant les qualités du film. Les plus jeunes spectateurs apprécieront sans nul doute cette aventure au Far West tandis que les plus grands passeront un charmant moment évanescent. Ce n’est déjà pas si mal ! Mais les amateurs des délires made in DreamWorks Animation (dont nous faisons partie !) seront quelque peu déçus…