(Test Blu-ray) Royal Corgi de Ben Stassen & Vincent Kesteloot

Depuis une dizaine d’années (on se souvient de Fly me to the moon sorti en 2008), Ben Stassen ne cesse de proposer des productions animées calibrées pour plaire à un jeune public avide de scénarios dynamisés par une palette de personnages variés. Le cru 2019 ne déroge par la règle : Royal Corgi est un divertissement tout juste honorable qui ne s’extirpe jamais vraiment de ses faibles ambitions. Les plus jeunes apprécieront sûrement tandis que les plus grands s’ennuieront gentiment.

Synopsis : Les aventures de Rex, le chien préféré de Sa Majesté, qui perd son statut de favori et se retrouve perdu dans un chenil au milieu de chiens abandonnés. Sa quête pour retourner à Buckingham et retrouver les faveurs de la Reine l’amènera à affronter de nombreux dangers mais aussi à rencontrer l’amour.

(c) nWave Pictures

On a connu les studios nWave Pictures plus inspirés. Mélange maladroit d’influences trop évidentes, Royal Corgi emprunte un peu de l’irrévérence de Comme des bêtes des studios Illumination tout en contant une amourette dans la droite lignée de La Belle et le clochard des studios Disney (sauf que la belle est le personnage démuni cette fois-ci). Les scènes se suivent et se ressemblent un peu trop (le méfait du personnage principal, le séjour dans un chenil, la quête de rédemption, etc.) sans l’appui d’un propos original qui comblerait le manque d’inspiration du scénario. Du coup, le spectateur suit les aventures de ces personnages canins sans vraiment s’y attacher…
Pourtant, le film a pour originalité phare son ancrage réaliste là où la plupart des productions animées privilégient la création d’un monde imaginaire. Rex, le héros du long-métrage, est le chien préféré de la reine d’Angleterre. On se surprend donc à croiser Donald Trump au cours d’un dîner politisé : malheureusement, la satire politique qui aurait pu colorer le divertissement enfantin d’un délicieux sous-texte contemporain n’arrive jamais. Seulement effleurée (a travers le goût immodéré de la régence britannique pour le merchandising), la dimension critique du film laisse surtout place aux situations rocambolesques.

(c) nWave Pictures

Il ne faut pas oublier que les studios nWave ont fait leur réputation grâce à leur usage abusif du 3D relief. Ainsi, les jaillissements ne manquent jamais dans leurs productions et le rythme visuel prend trop souvent le pas sur le potentiel narratif (les deux aventures de la tortue Samy avaient beau être sympathiques, elles promettaient surtout un véritable grand-huit en relief). Bien que les réalisateurs fassent montre d’une volonté de créer des ambiances au cours de certaines scènes (l’enterrement simulé de Rex notamment), l’animation demeure majoritairement grossière. Sur l’autel du sensationnel, ils oublient parfois de se soucier des détails (un exemple parmi tant d’autres : l’animation de la fameuse gelée anglaise est fort décevante : sur le plan des textures, le travail est loin d’être abouti.) Cette propension au minimum syndical se ressent sur tous les pans créatifs du film, à l’image d’une bande-originale trop fade pour renforcer des images qui manquent d’âme.

En somme, Royal Corgi est un film convenable qui ne marquera pas les esprits des spectateurs. Production à réserver aux plus jeunes, cette aventure endiablée se contente trop souvent du minimum pour réellement convaincre. On préféra revoir les précédentes productions des studios qui manquaient d’ambition mais qui savaient conter des histoires plus cohérentes.

(c) nWave Pictures

EDITION VIDEO

Test de l’édition Blu-ray envoyée par Universal Pictures. On ne peut que saluer les efforts de l’éditeur pour continuer à proposer des éditions de qualité à ses films animés (oui, la qualité d’image n’est pas réservée à un public d’adultes…)

Image et son : une image colorée aux lumières bien gérées – mais les défauts de l’animation sont encore plus visibles. Par ailleurs, les noirs sont peu convaincants lors de la scène de l’incendie car l’image manque de contraste.
Quant au son, nous profitons de deux pistes (une version française et une version originale sous-titrée) DTS-HD Master Audio qui rendent justice au film malgré un mixage de certaines voix assez décevant (comme celle de Shy’m qui paraît bien faible par rapport aux autres).
Quant à l’absence d’une édition 3D en vidéo, elle poursuit une tendance du marché qui tend à l’abandon de ce format qui se raréfie. On ne peut alors pas vraiment en vouloir à l’éditeur vidéo…

Interactivités : une galette aux bonus peu nombreux qui ne sont pourtant pas dénués d’intérêt.
Rex, création du chien : les étapes de conception du personnage (des croquis au modèle animé)
Création de la séquence d’incendie (la plus discutable du film, d’ailleurs) : manque d’une voix off pour accompagner les images. Il s’agit d’un assemblage de story-boards ou de séquences partiellement animées. Découvrir les étapes de création d’une scène est fort intéressant.
Le doublage français : une vidéo promotionnelle peu intéressante.

Article rédigé par Nathan

Nourri aux univers animés depuis la découverte de "Kirikou et la sorcière" en 1998, Nathan porte son regard critique et analytique sur l'univers des longs-métrages. Il est rédacteur sur Focus on Animation depuis 2012 et est l'auteur d'un ouvrage somme sur la carrière de Michel Ocelot (chez Third Editions).

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