(Test DVD) La Légende du roi Salomon d’Albert Hanan Kaminski

Les éditeurs vidéo offrent souvent une seconde vie à des films modestes qui n’ont pas encore foulé certains marchés. Réalisé en 2017 par Albert Hanan Kaminski, La Légende du roi Salomon est de ceux-là puisqu’il n’avait pas encore été proposé au public français. Aventure d’inspiration biblique en 2D, ce long-métrage israélien offrira des péripéties inattendues à ceux qui oseront la découvrir grâce à la sortie vidéo entreprise par Koba Films. Malheureusement, si le film se veut être dans la veine du Prince d’Egypte des studios DreamWorks Animation, nous sommes plutôt du côté d’une production modeste qui réinvente avec une grande liberté une figure ancestrale. Un bon moment pour un public peu regardant, en somme.

Synopsis : Fils du roi David et héritier du trône de Jérusalem, le jeune Salomon est chassé loin de son royaume par le diabolique Asmodée. Perdu dans le désert d’Arabie, Salomon fait la rencontre de la princesse Naama. Ensemble, ils ont le même rêve : retourner à Jérusalem pour délivrer le royaume de la tyrannie imposée par Asmodée…

Film d’animation israélo-hongrois, La Légende du roi Salomon ne révolutionne jamais le genre mais sait conter son histoire fictive avec une certaine cohérence. N’y cherchez pas une quelconque adaptation d’un récit biblique, la déception serait totale. La célèbre sagesse du roi Salomon ne pointe le bout de son nez qu’à la fin du long-métrage, alors que le jeune souverain achève sa quête de maturité aux côtés d’une princesse dont il tombera forcément amoureux. D’un jeune homme imbu de lui-même au modèle d’altruisme, il n’y a parfois qu’une aventure. Evidemment, en seulement soixante-dix minutes, l’équipe créative fait ce qu’elle peut pour narrer une évolution psychologique rapide aux côtés de personnages secondaires inattendus : les animaux sont doués de parole parce que Salomon a la capacité de converser avec eux. Le ton résolument humoristique saura plaire au jeune public et l’animal de « compagnie » du héros en devenir colore l’aventure de sages réflexions bienvenues !

Sur le plan visuel, les réalisateurs font le choix d’une animation en 2 dimensions, fait assez rare dans une production mondiale qui tant à privilégier le tout numérique, malgré la fébrilité de certains plans. Trop souvent, le manque de budget se fait ressentir, notamment lors de la bataille finale qui réduit les combats à des plans moyens focalisés sur quelques personnages. Les formes anguleuses des personnages ne permettent pas non plus de flatter la rétine tandis que les décors se réduisent souvent à des formes géométriquement basiques. Dire que le film n’est pas beau serait faux mais il n’a pas l’apparat le plus racoleur qui soit (en témoigne Asmodée, le méchant du film, qui n’a pas vraiment une allure terrifiante…) Si le film a ses limites, les réalisateurs ont pourtant su mettre des atouts de leurs côtés en choisissant une bande originale adaptée (des rythmes arabisants qui conviennent à l’histoire contée) mais également en créant une histoire pleine de péripéties. A défaut de se révéler passionnant et avant-gardiste, La Légende du roi Salomon saura faire passer un bon moment à un public ciblé.

En somme, si le film ne prend jamais son spectateur pour un imbécile, il manque d’ambition pour pouvoir prétendre a autre chose que de faire passer un bon moment aux plus jeunes des spectateurs. C’est déjà, en quelque sorte, une forme de réussite mais l’on se questionne encore sur le choix d’un sujet biblique… Le récit n’aurait-il pas eu la même portée avec des personnages originaux ?

EDITION VIDEO

L’éditeur Koba Films nous a fait parvenir une copie DVD du film (seule édition du film en France).

Image et son : Seule une piste française est présente sur l’édition vidéo, mais elle est de bonne facture (et profite de doublages soignés). La psite 5.1 Dolby Digital spatialise comme il se doit les sons et les musiques du film. Quant à l’image, elle retranscrit à merveille les couleurs chaudes du récit (bien que les contours des personnages et décors manquent de netteté) tandis que les contrastes sont bien travaillés. Une édition honorable pour un film qui l’est tout autant dès lors que l’on sait à quoi s’attendre.

Interactivités : Quatre bandes-annonces anecdotiques et puis c’est tout… Un contenu bien maigre qui aurait pu être agrémenté d’un court making-of ou de quelques recherches graphiques du film. L’absence de véritable bonus est sûrement à mettre sur le dos d’une édition vidéo internationale déjà bien maigre. Difficile pour Koba Films de proposer un contenu important dans de telles conditions.

Article rédigé par Nathan

Nourri aux univers animés depuis la découverte de "Kirikou et la sorcière" en 1998, Nathan porte son regard critique et analytique sur l'univers des longs-métrages. Il est rédacteur sur Focus on Animation depuis 2012 et est l'auteur d'un ouvrage somme sur la carrière de Michel Ocelot (chez Third Editions).

Laisser une réponse:

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Site Footer